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C'est pas mon idée !

vendredi 31 août 2012

Bradesco Next, l'agence du futur brésilienne

Bradesco
Les "agences concept" et autres "agences du futur" se succèdent régulièrement dans l'actualité, avec plus ou moins de bonheur. Parmi les plus récentes, celle de Bradesco à São Paulo (Brésil) peut être considérée un peu à part car son objectif plus ou moins avoué est, tout simplement, d'impressionner ses clients avec une pure démonstration technologique.

Il n'est donc pas question de voir dans cet espace, par ailleurs singulièrement déshumanisé, une projection de ce que pourrait être la relation client de demain mais, beaucoup plus modestement, de mettre en scène une multitude de technologies dans un contexte d'agence bancaire. Une fois ce principe posé, faisons le tour de quelques-unes des innovations exposées, qui pourront certainement trouver d'autres applications utiles...

Dès l'entrée, le visiteur ne manquera pas d'être étonné, puisqu'il sera accueilli par Link 237, un robot autonome, qui n'oubliera jamais de sourire et lui proposera de découvrir l'espace qui s'ouvre à lui. Si l'idée vous rappelle le siège social de Santander, le hasard n'y est pour rien : c'est en effet la même société, YDreams (basée à Lisbonne), qui a conçu et réalisé les 2 projets.

Bradesco Next

La suite de la visite ressemblera plus à d'autres agences du même genre, avec une débauche d'écrans interactifs, tactiles pour certains, contrôlés par gestes (à la mode "Kinect") pour d'autres, aux usages divers et variés. Une des applications les plus originales, "Life Cycle", présente au client une analyse de sa situation financière et de son "profil" de consommation, puis en déduit des "prédictions", telles que, par exemple, le moment opportun pour acquérir un logement ou pour préparer sa retraite.

Pour des interactions qui requièrent une certaine intimité, des salons privés sont prévus, où le client aura accès à un "conseiller digital" (c'est-à-dire un écran) mais également, en cas de besoin, à un spécialiste humain (tout de même !), en visioconférence. Détail ergonomique notable de ces espaces : les cloisons vitrées s'opacifient instantanément dès qu'elles sont occupées.

Le même système anti-indiscrétions équipe d'ailleurs aussi les GABs ("Guichets Automatiques de Banque") qui, pour leur part, ont la particularité d'être biométriques, la paume de la main remplaçant alors la carte bancaire (depuis ses début en 2006, Bradesco a conquis 10 millions de clients avec cette technologie).

Dernière partie de la démonstration, un coin détente est équipé d'une table tactile (Microsoft Surface, aussi utilisée dans une autre zone pour des simulations financières) qui propose de feuilleter des magazines ou de commander une bouteille d'eau minérale qui sortira littéralement de la table !


Bradesco Next se révèle être, finalement, une déclinaison du concept d'agence sans conseiller, telle que l'esquissait Bank Audi avec Novo (au Liban), poussant la logique du libre-service et de l'automatisation à son extrême (le robot d'accueil en est un peu le summum). Si on prend cette expérience au premier degré, comme un "modèle" d'agence de demain, il est certain qu'il est difficile d'y trouver un sens et de croire que les clients adhèreront à cette vision.

C'est pourquoi je préfère penser qu'il s'agit ici d'un espace de démonstration dont le seul objectif est de tester une palette de technologies en conditions réelles, pour déterminer comment, ensuite, elles pourront s'intégrer dans une agence plus classique. Et quelques-unes des idées présentées ont certainement du potentiel dans cette perspective (notamment l'application "prédictive") !

jeudi 30 août 2012

Le CIC innove dans la banque en ligne

CIC
Plutôt discrètement, au cours de ces derniers mois, le CIC a introduit ou amélioré, dans ses services bancaires en ligne, quelques nouvelles fonctions qui, sans être nécessairement inédites, sont certainement pionnières en France. Je vous propose de passer en revue les 3 principales : la prise de rendez-vous en ligne, le retrait sans carte et une très surprenante application pour PC.

La première n'est pas en réalité une totale nouveauté, puisque l'annonce récente concerne l'ajout d'options supplémentaires à un dispositif existant. Toujours est-il que le CIC semble être la première banque hexagonale (hors de nos frontières, on peut citer, entre autres, le cas de BMO au Canada) à offrir ce service de prise de rendez-vous, sous une forme particulièrement riche : recherche de créneau selon la disponibilité du conseiller, choix entre un entretien en agence ou par téléphone, indication du motif (qui permet de recommander les documents à apporter)...

La fonction suivante vient en continuité d'une tendance qui se développe depuis plusieurs mois dans le monde (un des premiers exemples en Europe était celui de BBVA "Efectivo Móvil") : le service "e-Retrait" (disponible aussi au Crédit Mutuel) propose aux clients de retirer des espèces sur les GABs du groupe sans carte bancaire. En pratique, il suffit d'enregistrer une demande sur le site de banque en ligne pour obtenir un numéro de e-Retrait (fourni par le service) et un code confidentiel (envoyé par SMS), qui devront être saisis sur le distributeur pour obtenir la somme demandée.

Ecran e-Retrait du Crédit Mutuel

Cette nouvelle fonction est également conçue (nativement) pour dépanner un proche, à qui il faudra simplement communiquer les deux informations nécessaires. Il est dommage qu'il ne soit pas prévu un envoi automatique, au moins du numéro de e-Retrait si la sécurité requiert une séparation des 2 (ce qui paraît assez légitime).

Mais le plus grand regret à avoir pour ce service (ainsi que, dans une moindre mesure pour la prise de rendez-vous) est son absence des applications mobiles de la banque. La possibilité de retirer de l'argent grâce à son téléphone, en cas d'oubli de sa carte (par exemple), est un cas d'usage pourtant évident. Espérons qu'une mise à jour arrivera prochainement dans les AppStores.

La dernière nouveauté du CIC est aussi la plus étonnante et la plus originale, puisqu'il s'agit du lancement d'une application pour PC (et Macintosh, pour être précis). Il faut croire que la vogue des applications pour mobile a suscité cette initiative, dont il est tout de même difficile de trouver la moindre justification, alors que les services en ligne sont en mesure de remplir tous les besoins des utilisateurs et que la recherche de visibilité sur un AppStore (qui est une des principales motivations des applications sur smartphone) n'est pas applicable dans ce cas.

A ces considérations, il faut ajouter le choix d'une technologie (Microsoft Silverlight) sur le déclin (voire en voie d'obsolescence), faute d'adoption par les consommateurs et les entreprises, ce qui rend le succès de l'application encore plus douteux.

Dans un contexte où s'affirment les exigences des clients en matière d'outils mobiles, ceux-ci étant progressivement amenés à devenir le premier point de contact avec la banque, il serait peut-être plus judicieux de consacrer les énergies (et les budgets) à ces plates-formes, plutôt qu'à un support où il ne me semble pas que les attentes soient fortes (me tromperais-je sur ce point ?). A commencer par l'intégration des deux fonctions présentées plus haut !

Information repérée grâce à Sémaphore Conseil (merci !)

mercredi 29 août 2012

Simple (Bank) s'attaque au PFM

Simple
La révolution Simple (Bank) avait, jusqu'à maintenant, tendance à progresser à petits pas. Sans préjuger d'une accélération générale, l'annonce aujourd'hui de "Reports", moins de 10 jours après l'introduction de "Goals", est néanmoins notable. D'autant que cette nouvelle fonction, orientée "PFM" (gestion de finances personnelles) n'est pas conventionnelle, comme on pouvait (évidemment) s'y attendre de la part de la petite banque (2.0) qui monte.

Et cette fois, la méthode de conception est aussi digne d'intérêt que le résultat. Ainsi, Simple a commencé par interroger, en mai dernier, ses "amis" sur Facebook : "si vous pouviez poser une question à vos données financières, quelle serait-elle ?". Une fois les suggestions collectées – une quarantaine en environ un mois – quelques grandes tendances se sont dégagées (même sur ce faible volume – et la nourriture est une préoccupation universelle, semble-t-il), les ingénieurs ont recherché le meilleur moyen d'apporter des réponses pertinentes.

Le produit de leurs cogitations est totalement inédit mais reste finalement dans la continuité des précédentes orientations de Simple. La base est donc toujours le moteur de recherche, auquel le client pose littéralement une question, telle que "la semaine dernière ?", "les restaurants ?" ou encore "les montants inférieurs à 100 USD ?", et le service présente les tendances correspondantes sur la période souhaitée (à partir desquelles il est possible de "plonger" dans le détail des transactions associées). Le consommateur peut vraiment reprendre le contrôle de son argent !

Simple Reports

Dans sa présentation de "Reports", Simple met l'accent sur son avantage unique par rapport aux outils de PFM classiques (dont le principal, Mint.com, vient justement d'annoncer qu'il a dépassé les 10 millions d'utilisateurs) : une transaction, en particulier par carte, s'accompagne d'une trentaine d'éléments d'informations (jusqu'à la caisse utilisée dans un grand magasin), dont les autres institutions financières ne conservent que les principales (le commerce, la date et le montant, en général). En stockant et en exploitant ces données riches, qui lui permettent par exemple de localiser sur un plan les achats réalisés ou d'isoler les pourboires sur les notes de restaurant, Simple est également capable de répondre à des questions bien plus complexes de ses clients.

Comme avec "Goals", il reste à regretter que cette nouvelle fonction ne soit pas conçue d'abord pour mobile. Mais, encore mieux que la semaine dernière, Simple arrive à "inventer" une nouvelle approche d'un "vieux" problème, en apportant infiniment plus de valeur aux consommateurs. Car toutes les solutions de PFM (les indépendantes comme celles des banques) sont focalisées sur un principe de catégories de dépenses qui "fige" les manières d'analyser l'information. A l'inverse, "Reports" ne préjuge en rien des "dimensions" qui intéressent les clients et permet à ceux-ci (peut-être avec quelques limitations, malgré tout) de surveiller leur budget à leur façon, aussi exotique soit-elle, sans rendre l'utilisation de l'outil plus difficile (au contraire).

Voilà encore un bel exemple d'innovation à mettre à l'actif de Simple, qui, cependant, sera certainement moins aisée à copier que les précédentes...

mardi 28 août 2012

Celent : les comparateurs d'assurance en mutation

Comparateur d'Assurance
Même si la comparaison d'offres en ligne existe dans de multiples secteurs, les compagnies d'assurance font partie des entreprises les plus "perturbées" par ce phénomène (voir, par exemple, le thème d'une des prochaines matinales du LAB). Or, selon les analystes de Celent, l'habitude qu'ont prise les internautes de consulter ces sites pour rechercher la meilleure offre provoque une évolution sensible de leurs comportements, qui pourrait finalement se retourner contre les comparateurs.

Depuis leurs origines, les sites proposant aux consommateurs de comparer les produits d'assurance se focalisent principalement sur le facteur prix pour établir leur classement, car il s'agit du critère de choix le plus important pour une majorité de personnes. L'impact de cette pratique sur les compagnies peut être dévastateur car, pour apparaître en bonne position, la seule stratégie à leur disposition est de réduire les primes (et leurs marges), quitte à entraîner la qualité de service vers le bas.

Cependant, grâce à ces sites qu'ils utilisent très régulièrement depuis plusieurs années et à l'information qu'ils y trouvent, les clients ont progressivement acquis une bien meilleure compréhension des produits d'assurance qui leurs sont vendus. Et, armés de cette connaissance, ils sont de plus en plus demandeurs de réponses personnalisées à leurs besoins, c'est-à-dire de produits plus élaborés, dont ils perçoivent désormais mieux les qualités, acceptant en contrepartie de réduire leurs exigences sur les tarifs.

A la lumière de ces évolutions, l'initiative "QuiALeMeilleurService.com" d'AXA prend automatiquement un sens différent. Car, avec les internautes nouvellement "éduqués", il devient en effet beaucoup plus pertinent de comparer les services offerts plutôt que les prix. La démarche a d'autant plus de résonance en France, où les comparateurs sont pléthoriques (une trentaine pour l'assurance automobile, d'après Celent), ce qui en rend la sélection difficile (et la viabilité douteuse).

Naturellement, le prix reste un argument incontournable pour une majorité de personnes et (tous) les sites de comparaison ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Mais, entre un marché hexagonal des agrégateurs sur-saturé et l'émergence d'une population de consommateurs avertis recherchant le produit le plus adapté à leur situation personnelle, la dictature du discount pour préserver sa visibilité n'est peut-être pas une fatalité de l'assurance. Encore faut-il savoir répondre aux nouvelles attentes des internautes !

lundi 27 août 2012

Gartner : "open data" plus rentable que "big data"

Open Data
Les deux tendances technologiques se développent en parallèle et indépendamment l'une de l'autre. Pourtant, dans un rapprochement plus sensé qu'il n'y paraît de prime abord, les analystes de Gartner comparent les bénéfices respectifs des initiatives "big data" et "open data". Leur conclusion est claire : l'ouverture des données est bien plus intéressante, en termes de valeur apportée à l'entreprise, que leur analyse à grande échelle.

Mais, tout d'abord, pourquoi établir un tel pont entre 2 concepts a priori étrangers ? La réponse est simple et fait aussi partie de la "démonstration" de Gartner : aujourd'hui, toute entreprise qui possède des gisements importants de données devrait évaluer les opportunités de revenus que ceux-ci peuvent représenter. La première stratégie envisageable, dont les bénéfices sont indiscutables, est d'utiliser l'information disponible pour détecter des corrélations insoupçonnées et mieux connaître son métier, son environnement et ses clients. C'est, dans un sens étendu, le domaine des "big data".

D'un autre côté, pour une entreprise qui distribue ses produits et services sur Internet et qui souhaite renforcer ses relations avec son "écosystème", une stratégie d'ouverture des données ("open data") est considérée comme la plus "rentable". En effet, sa valeur peut être dégagée non seulement par une monétisation directe de l'information mais également par la démultiplication des capacités d'innovation induite (qui génèrera potentiellement des réductions de coûts internes), la transparence (un enjeu important des administrations publiques, notamment) et l'amélioration de l'image de marque.

D'un point de vue technique, les solutions disponibles actuellement, par exemple les outils d'anonymisation et de gestion de la qualité, permettent de publier des données avec une relative facilité, sans risquer de s'attirer les foudres des régulateurs ou du grand public craignant pour la protection de la vie privée. L'ouverture elle-même peut prendre des formes variées, de la mise à disposition sur le web d'APIs ("interfaces de programmation applicative") pour les développeurs à la distribution sur des places de marché spécialisées (telles que le DataMarket de Microsoft).

Les vraies difficultés sont donc peut-être ailleurs que dans la technologie. A commencer par la question cruciale : quelles sont les données les plus appropriées dans une approche d'ouverture ? Il faudra sélectionner celles qui ont le plus de chance de "séduire" leur cible (partenaires, sociétés tierces créant de nouveaux modèles...), tout en restant cohérent avec la stratégie de l'entreprise et en définissant des modalités de diffusion qui garantissent la viabilité à long terme de l'initiative. Le deuxième enjeu clé est celui de la valorisation : quel modèle économique adopter et quel niveau de prix fixer ? Les réponses sont critiques pour garantir le succès et "libérer" la valeur.

Les institutions financières sont naturellement d'excellentes candidates à l'ouverture de leurs gisements de données, particulièrement riches. Or, à ce jour, elles restent extrêmement réticentes à se lancer (un des rares exemples connus est celui de Cardlytics et ses quelques établissements partenaires) alors qu'elles ont peut-être une importante source de revenus à leur portée. Enfin, il ne faudrait pas oublier une autre dimension des "open data" : n'existerait-il pas des opportunités pour les banques d'exploiter les données disponibles publiquement afin d'enrichir leurs propres services ?

dimanche 26 août 2012

Brèves : pas de trève estivale pour le paiement mobile

Comme d'habitude, cet été a été relativement calme pour l'innovation dans les services financiers. Sauf dans le secteur du paiement via mobile, dont l'agitation ne connaît décidément aucun répit. Ainsi, outre les dernières annonces déjà évoquées dans ces colonnes (par exemple celle de Square avec Starbucks), les dernières semaines ont été riches de nouveaux lancements qui, de plus en plus souvent, ne tiennent plus uniquement de l'expérimentation et présagent au contraire d'une généralisation proche.


Dunkin' Donuts
Comme je l'évoquais récemment à propos de l'expérimentation française de McDonald's, les grandes chaînes du commerce de détail se laissent progressivement séduire par les possibilités offertes par le mobile pour accélérer leurs processus de vente. Dans les traces de Starbucks, sa concurrente Dunkin' Donuts est la nouvelle entrante de la semaine écoulée.

L'approche adoptée est identique à celle de son "modèle" : l'application mobile du réseau de cafés permet aux consommateurs américains de dématérialiser les cartes prépayées de la marque (la "carte DD"). Une fois leur compte enregistré, ils peuvent le recharger avec leur carte bancaire et payer pour leurs achats en présentant le code à barres correspondant, qui s'affiche sur l'écran de leur téléphone.

Dunkin' Donuts

Cette nouvelle solution confirme une tendance qui commence à s'affirmer : une certaine catégorie de commerçants (pour l'instant, la restauration rapide est la plus en pointe) n'hésite plus à capitaliser sur des applications mobiles pour améliorer leur efficacité opérationnelle. Une fois encore, le système retenu est en boucle fermée (utilisable uniquement chez Dunkin' Donuts), mais il a le mérite d'être simple à mettre en place et à utiliser (tellement qu'il est immédiatement disponible dans tous les restaurants américains de la chaîne, sans passage par une phase de test). Le pragmatisme reste payant.

Information repérée grâce à Damien Simon (merci !).


Discover
Par sa taille, Discover est certes beaucoup moins connu (surtout en Europe) que ses principaux concurrents, Visa, MasterCard et American Express, mais son réseau de paiement n'est pas pour autant négligeable. C'est la raison pour laquelle les accords signés successivement avec Google et PayPal méritent d'être soulignés.

Le premier de ces partenariats est une confirmation de ce qui était suggéré lors de la conférence Google I/O : les cartes de crédit de Discover peuvent être désormais ajoutées, d'un simple clic depuis ses services en ligne, au porte-monnaie mobile Google Wallet. Celui-ci trouve ainsi un nouveau souffle, certainement bienvenu, alors qu'il n'était jusqu'alors "porté" que par la banque Citi (et ses cartes MasterCard).

L'autre annonce a une ampleur toute différente, bien qu'elle ne soit destinée à se concrétiser que l'an prochain et que les détails techniques n'en soient pas connus. Après ses expérimentations avec une poignée d'enseignes, la stratégie de PayPal en direction du commerce de proximité prend un nouvel élan : les 7 millions de commerçants partenaires de Discover (aux États-Unis) devraient être en mesure d'accepter ses moyens de paiement en 2013.

L'aspect le plus notable de la stratégie de Discover est de ne pas se limiter à une seule option : le paiement par mobile est encore balbutiant et il est impossible de connaître les gagnants de demain, aussi est-il préférable de sélectionner plusieurs candidats pour assurer l'avenir.


SumUp
Un autre domaine où les initiatives se succèdent sans relâche est celui du terminal de paiement sur mobile ou, autrement dit, des concurrents putatifs de Square. Une nouvelle startup, SumUp, s'y essaye en Europe (pour l'instant au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne et en Autriche), à la suite, entre autres, de mPowa et iZettle.

La solution est classiquement composée d'un lecteur de carte (à puce, pour notre côté de l'Atlantique) à connecter au téléphone et d'une application (pour iPhone et Android) proposant des fonctions minimales de gestion de caisse.

SumUp

Comme iZettle, SumUp choisit d'"authentifier" les transactions par signature du porteur (sur l'écran du téléphone) et non par saisie de code PIN. Et, devant les difficultés que fait Visa avec cette technique (dont sa consœur souffre aussi), un pis-aller (supposé temporaire) est mis en place, sous la forme typique d'un achat en ligne, que le client validera alors par la saisie d'un code 3D-Secure reçu par SMS. Autant dire que l'expérience utilisateur sera loin d'être idéale dans ce cas.

Alors que TechCrunch indique que SumUp aurait reçu plus de 20 millions de dollars de financement, il semblerait qu'une mini-bulle soit en train de se créer autour de ce secteur. Les intervenants ne perçoivent probablement pas toute la difficulté qu'il y a à répliquer le succès de Square...

Ce cas est aussi l'occasion de mesurer le gouffre existant entre les entrepreneurs français et leurs collègues étrangers : après Cellfony, qui se débat depuis plus d'un an pour faire "certifier" son modèle de saisie de code PIN sur le mobile, une deuxième startup hexagonale, PayPlug, tente la même aventure avec, pour l'instant, le même résultat. Entre des solutions "approximatives" mais distribuées (mPowa, iZettle...) et ces approches techniquement "parfaites" mais dont la sortie est toujours repoussée, il n'est pas sûr que les français aient choisi la bonne voie...


Komerční Banka
Dans toute cette agitation, les banques sont de moins en moins présentes et semblent même lâcher prise. Et une des seules actualités notables de ces derniers jours est une n-ième expérimentation de paiement sans contact (NFC) sur mobile, lancée par la Komerční Banka, filiale tchèque de Société Générale.

Un test de plus, avec tous les handicaps classiques du genre : une multitude d'acteurs (l'opérateur Telefónica, Visa Europe et Samsung, en plus de la banque), des limitations techniques (compatibilité avec un seul modèle de téléphone, entre autres) et une proposition de valeur (pour le consommateur) apparemment absente (les 250 CZK – environ 10 euros – offerts aux participants tiennent de l'anecdote). Ne parlons pas des objectifs, dont il reste à espérer qu'ils sont simplement tenus secrets...

Si les acteurs impliqués croient réellement à la technologie sans contact pour le paiement mobile, il est tout de même invraisemblable qu'ils ne s'inspirent pas un minimum des clés de succès des initiatives qui fonctionnent. Mais non, ils continuent inlassablement les mêmes expériences aux 4 coins du monde et espèrent que la "magie" opère ! Comme disait Albert Einstein : "La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent".

samedi 25 août 2012

Epargner autrement avec Simple (Bank)

Simple
Pas à pas, Simple (Bank) dessine sa banque "pas comme les autres", qui s'enrichit constamment sans jamais perdre de vue son ambition absolue de simplifier la banque. Le dernier ajout en date s'appelle "Goals" ("objectifs") et il propose aux clients de l'établissement une nouvelle approche de l'épargne.

Comme il se doit avec Simple, le fonctionnement de "Goals" est quasi-trivial. L'utilisateur définit ses objectifs – qu'il s'agisse de se constituer une réserve d'argent ou d'économiser pour l'achat du prochain iPhone le jour de sa sortie – en indiquant le montant et l'échéance cibles et, le cas échéant, le "dépôt" initial. A partir de là, le service va, chaque matin, "retirer" une partie du "Safe-to-Spend™" (c'est-à-dire les fonds disponibles à la dépense) pour alimenter chacun des objectifs enregistrés. Par exemple, si je veux économiser 1000 USD pour réaliser un voyage dans 100 jours, mon solde disponible sera diminué de 10 USD chaque jour.

Le dispositif n'implique aucun mouvement "réel" d'argent, Simple n'offrant pas (encore ?) de compte d'épargne (en effet, son modèle repose, à ce jour, uniquement sur un compte courant associé à une carte de débit). La gestion des objectifs est donc uniquement basée sur des écritures "virtuelles" et le client peut, à tout moment, mettre le système "en pause" ou réaliser tous les transferts ponctuels qu'il souhaite entre son solde disponible et ses différents "Goals" (ou entre ceux-ci). Si des actions intempestives de ce genre compromettent leur faisabilité, Simple émettra une alerte et proposera de réajuster les cibles correspondantes.

Ecran Simple Goals

Les éléments constitutifs de "Goals" n'ont rien de nouveau : les virements automatiques sur un compte d'épargne existent depuis belle lurette et la création de "sous-comptes" assignés à des objectifs concrets, fixés par l'utilisateur, commencent à se répandre dans les banques traditionnelles. Mais ce qui fait la différence avec Simple est la mise en œuvre de l'ensemble, en particulier son intégration idéale avec le fameux "Safe-to-Spend™", qui trouve là une justification supplémentaire.

La réalisation n'est cependant pas sans défauts. Ainsi, l'absence d'un compte d'épargne rémunéré rendra certainement "Goals" peu attractif pour les clients qui souhaitent économiser des sommes importantes, sur des périodes longues. S'il s'agit là du prix à payer pour bénéficier de la flexibilité des transferts, il reste largement matière à améliorer cet aspect. Un autre regret que suscite l'annonce de Simple est que la nouvelle fonction ne semble pas être (pour l'instant ?) disponible dans son application mobile. Pour une startup qui se veut plus technologique que bancaire, une vraie stratégie "mobile first" serait pourtant bienvenue...

Quoi qu'il en soit et en dépit d'un rythme de développement qu'on aimerait plus soutenu, Simple continue à bousculer les habitudes du secteur. Et "Goals" démontre encore une fois que la transformation ne doit pas nécessairement être révolutionnaire pour avoir un impact : il n'est question ici que d'adopter une "perspective" des finances personnelles différente du modèle "universel" (aux États-Unis) de la carte de crédit. Au-delà de l'inspiration que peuvent constituer les idées innovantes de la startup, ce renversement d'approche de la banque mériterait d'être exploré par les acteurs "historiques".

vendredi 24 août 2012

BigCalc, des "Big Data" pour l'algo-trading

BigCalc
Si on retient la définition habituelle du concept "Big Data" – l'exploitation d'importants volumes de données, structurées et non structurées, en temps réel – le domaine du trading algorithmique semble être un cas d'application parfait. Pourtant, les différences de "culture" entre les habitués des modèles financiers et les adeptes de "Big Data" ont maintenu une barrière infranchissable entre les deux mondes. Jusqu'à maintenant.

Face à l'explosion continue du volume de données à traiter, combinée à la complexité croissante des modèles mathématiques utilisés, les technologies traditionnellement adoptées dans le trading algorithmique et/ou à haute fréquence commencent à atteindre leurs limites. Les experts se trouvent donc plus ou moins contraints de se tourner vers des solutions émergentes, telles que Hadoop et MapReduce (fers de lance du mouvement "Big Data"), qui ont déjà fait leurs preuves sur les problématiques de performance et de volumétrie auxquelles ils sont confrontés.

Mais, si ces produits sont adaptés à leurs exigences techniques fondamentales, ils amènent aussi avec eux des pratiques de développement qui sont totalement étrangères aux concepteurs d'algorithmes de trading, habitués à des outils de traitement statistique tels que R ou Matlab. Pour faciliter la transition, BigCalc, une startup créée par des anciens de l'informatique financière, leur propose donc "simplement" d'adapter ces habitudes aux nouveaux systèmes.

Concrètement, les utilisateurs continueront à développer leurs modèles mathématiques en langage R, avec l'environnement qu'ils connaissent déjà. Une fois compilés par BigCalc, avec toutes les optimisations que permet sa spécialisation exclusive sur les fonctions de trading, ils seront ensuite exécutés sur une infrastructure "Big Data" (interne à l'institution financière ou sur le "cloud" de la startup), automatiquement parallélisés et capables d'une montée en charge transparente sur des volumes de données extrêmes.

Malgré tous les maux dont est accablé le trading algorithmique et/ou à haute fréquence, rien n'indique qu'il soit sur le déclin. Au contraire, la demande reste extrêmement forte pour des solutions permettant d'accélérer les traitements ou de développer des modèles plus efficaces. L'utilisation des technologies "Big Data" pour ce faire est une évolution logique. BigCalc rend celle-ci relativement facile et devrait donc permettre de franchir encore une étape dans le secteur, en repoussant les limites techniques actuelles...

jeudi 23 août 2012

Maybank personnalise la banque mobile

Maybank Singapour
Avec un taux de pénétration record de smartphones (dont une majorité d'iPhones) au sein de sa population, Singapour est un pays où les banques sont particulièrement attentives aux besoins de leurs clients en matière d'applications mobiles. La toute nouvelle réalisation de la malaisienne Maybank en offre une illustration intéressante, combinant des fonctions tout à fait classiques avec quelques options originales, à découvrir...

Au chapitre des "standards", on retrouve naturellement la consultation des soldes des comptes et de l'historique des opérations, l'exécution de virements (sous diverses formes), le paiement de factures, la localisation des agences et GABs ("Guichets Automatiques de Banque")...

Plus liés aux habitudes bancaires locales mais susceptibles d'inspirer le reste du monde, figurent également au menu un accès aux cours de change, la gestion de certificats de dépôt ("time deposit"), les transferts et règlements vers la Malaysie, ainsi qu'un important espace dédié aux promotions et réductions accompagnant les cartes de crédit (un must pour les banques singapouriennes), associé à un lecteur de QR codes. Ces derniers permettent de bénéficier, directement dans les points de vente, de certaines des offres proposées.

L'ensemble est donc plutôt riche et le risque est grand de "perdre" les utilisateurs avec une multitude de fonctions rassemblées dans une même application. C'est la raison pour laquelle Maybank donne la possibilité aux clients de personnaliser leur installation : un menu permet de choisir quelles options apparaîtront sur la page d'accueil, laissant à chacun le soin d'y intégrer les modules dont il a le plus l'usage. Cerise sur le gâteau, le mobinaute peut aussi choisir, dans sa propre collection, une image à afficher au lancement de l'application.

Ecrans Maybank pour iPhone

Le niveau de personnalisation offert reste encore très limité, puisqu'il ne concerne que l'écran principal de l'application et les grandes options disponibles à ce stade de la navigation. En particulier, toutes les activités bancaires se "cachent" derrière l'unique bouton "Login", les autres donnant accès aux services qui ne requièrent pas une identification préalable (cours des devises, localisation, promotions...).

Toujours est-il que la stratégie adoptée par Maybank peut constituer un modèle à suivre (et à étendre) pour lutter contre la richesse excessive de certaines applications mobiles (pensons à PropertyMate pour un exemple extrême), dont la difficulté d'utilisation croît exponentiellement avec le nombre de fonctions incluses. Le cas d'usage était déjà identifié dans les services de banque en ligne (sur PC), il prend naturellement encore plus de sens sur les petits écrans des smartphones.

Bien entendu, chaque fois qu'il est question de personnalisation, se pose le problème de la complexité relative pour l'utilisateur de configurer ses préférences. Pour le résoudre, ce qui manque encore, à mon avis, est une approche d'auto-apprentissage qui permettrait de rendre cette procédure transparente et sans effort (tout en laissant le choix ultime au mobinaute). Ce ne devrait pourtant pas être si difficile à mettre en œuvre...

mercredi 22 août 2012

Visa prépare un service de chiffrement des données de paiement

Visa
En dépit de l'attention médiatique portée aux virus et autres logiciels malveillants, une des principales sources de vulnérabilité dans le secteur financier reste le défaut de protection endémique des données de paiement (notamment des cartes bancaires) stockées par une multitude d'intervenants, des commerçants aux réseaux, en passant par les intermédiaires techniques et les banques.

Les petits commerces sont souvent les victimes "faciles" des intrusions visant à collecter ces précieuses informations, en raison de leur manque d'expertise technique et de la légèreté avec laquelle leurs fournisseurs et prestataires assurent (parfois) la sécurité de leurs systèmes de paiement. Cependant, les grandes entreprises spécialisées ne sont pas à l'abri, avec alors des conséquence désastreuses, d'une magnitude bien plus élevée (voir, par exemple, le cas des 1,5 millions de numéros de cartes volés chez Global Payments au début de l'année).

A l'origine de ces incidents, se retrouvent toujours les 2 même faiblesses : un système d'information ouvert sur l'extérieur, comportant des failles d'"étanchéité" qui facilitent la pénétration des malfaiteurs, et une protection insuffisante des données de paiement qui y sont hébergées, qui permet de les exploiter plus ou moins facilement. En effet, si les règles en vigueur (notamment du PCI, l'organisme en charge des standards de sécurité des cartes) imposent un chiffrement systématique des informations stockées, l'application des techniques cryptographiques requiert une forte expertise pour être efficace, et la moindre erreur d'implémentation est fatale à la sécurité.

Cette situation alarmante, dont rien ne laisse entrevoir une quelconque amélioration à court terme, conduit Visa à annoncer le lancement, début 2013, de "Visa Merchant Data Secure", son propre service de chiffrement des données de point à point (c'est-à-dire effectif du lieu de collecte jusqu'au site de traitement). L'objectif est de fournir aux commerçants et acquéreurs une solution "clés en main", compatible avec les systèmes existants (en particulier les terminaux de point de vente) et conforme aux exigences de sécurité du PCI, qui les libère entièrement de toute préoccupation de protection des informations qu'ils gèrent.

Pour séduisante qu'elle soit, la solution ne sera certainement pas opérationnelle avant longtemps, car il faut encore qu'elle soit intégrée dans toute la chaîne des paiements, par les fournisseurs de solutions techniques (terminaux), les établissements processeurs... Même si Visa assure une compatibilité de format facilitant les adaptations (par exemple, les numéros de carte chiffrés comportent 16 chiffres), l'effort à réaliser reste important. De plus, il est regrettable que l'initiative soit celle d'un seul acteur et non initiée par l'ensemble des réseaux (comme c'était le cas pour le standard EMV d'authentification des cartes à puce), ce qui en limitera probablement l'adoption.

Malgré ces handicaps, "Visa Merchant Data Secure" est un pas dans la "bonne" direction, car les avancées dans la protection des données sont indispensables pour lutter contre une fraude qui se révèle plus créative chaque jour. Peut-être les acquéreurs (les banques, en France) auraient-ils également une carte à jouer dans ce domaine ?

mardi 21 août 2012

Au Crédit Agricole, un iPad accueille les clients

Crédit Agricole Centre-Est
Parmi ses multiples retombées, le succès de l'iPad est en train, tout doucement, de transformer le marché des bornes interactives. Parmi les banques qui se laissent tenter, c'est au tour du Crédit Agricole Centre-Est de lancer une expérimentation, visant à enrichir l'expérience client en agence.

Séduit a priori par l'idée d'une borne interactive sur iPad, le responsable du projet a choisi, après quelques tâtonnements, de cibler la satisfaction des clients, en concevant un outil qui leur permet de gagner du temps, en particulier aux heures de grande affluence. Pour ce faire, l'interface (tactile) mise en place propose très simplement à un visiteur qui a rendez-vous avec son conseiller de signaler à celui-ci son arrivée dans l'agence, sans avoir besoin de (faire la queue et) se présenter à l'accueil.

Pour faire bonne mesure, l'application peut également être utilisée pour prendre un rendez-vous, par exemple en cas d'indisponibilité de l'interlocuteur souhaité lors d'une visite "impromptue", là encore sans temps d'attente (si la borne est libre). Enfin, avant de quitter l'agence, le visiteur aura également l'opportunité de donner son avis sur l'accueil et la qualité du service, en 5 questions simples.

Borne interactive Crédit Agricole Centre-Est

Cette dernière fonction rappellera naturellement les précédents de la Société Générale et de la Caisse d'Epargne (avec la solution de Civiliz). De fait, la véritable nouveauté dans le test du Crédit Agricole (pour l'instant dans une seule agence lyonnaise) est bien la gestion de l'agenda et des annonces, qui, de plus, est connectée au Système d'Information de la banque, afin d'interagir avec les postes de travail des conseillers.

Cependant, une fois cette première étape franchie, on attend naturellement la suivante : il semblerait tellement logique que les clients puissent prendre rendez-vous avec leur conseiller et signaler leur arrivée en agence sur leur propre smartphone !

De manière générale, le concept de borne interactive dans les points de vente n'a rien de nouveau. Mais l'iPad change radicalement le rapport à ce support, en le rendant beaucoup plus accessible, du point de vue de son coût mais aussi du développement des applications qu'il peut héberger. La seule réserve dans ce cas d'usage est la possible fragilité du matériel, qui reste à évaluer... Si elle peut être levée, il ne fait pas de doute que, à l'image de cette expérimentation du Crédit Agricole, la créativité ne manquera pas pour concevoir des scénarios de mise en œuvre originaux.

lundi 20 août 2012

McDonald's teste le paiement mobile en France

McDonald's
Les succès de Starbucks dans le paiement par mobile n'ont jusqu'à maintenant pas suscité beaucoup d'émulation, mais l'effervescence qui règne actuellement dans le secteur pourrait bien déclencher un tsunami sous peu. Premier indice, la chaine de restauration rapide McDonald's a lancé une expérimentation en mars dernier et, surprise, elle se déroule en France !

Pour être tout à fait précis, le service "GoMcDo" est avant tout une solution de commande en ligne, dont le paiement n'est qu'une des composantes. Disponible sur un site web dédié comme dans l'application McDonald's pour iPhone, il propose aux clients de la marque de composer leur menu à distance, de le régler en ligne, et, enfin, de retirer leur achat à une caisse spéciale (rapide) du restaurant. Pour l'instant, seuls 30 points de vente sont concernés, mais la généralisation aux 1 200 implantations hexagonales est envisagée rapidement.

En pratique, après sélection des produits dans le catalogue, le paiement est enregistré de manière tout à fait classique pour une boutique en ligne : le consommateur peut choisir de régler par carte (Visa, MasterCard ou American Express) ou par PayPal. Lors de la première utilisation, il doit fournir ses informations de paiement mais, les fois suivantes, celles-ci seront pré-enregistrées (par le prestataire spécialisé PayBox) et la transaction pourra alors être validée en un clic. Enfin, la commande est matérialisée par un code barre 2D (apparemment au standard Aztec, le QR code n'a pas le monopole du genre), qu'il suffit de présenter en caisse.

Ecrans GoMcDo sur iPhone

L'objectif de McDonald's avec GoMcDo est, bien évidemment, d'accélérer et de rationaliser ses processus de vente. Dans ce sens, la fonction de paiement intégrée est aussi importante que la prise de commande elle-même. Et il est intéressant de voir là un exemple d'approche du paiement mobile par le besoin (celui d'une transaction réellement rapide), ce qui est trop rarement la préoccupation des fournisseurs de solutions. En espérant convertir à ce modèle 15% de ses encaissements, la chaîne de restaurants devrait effectivement pouvoir en mesurer les bénéfices directs.

Le cas de McDonald's (comme celui de Starbucks) confirme une tendance de plus en plus sensible dans le monde du commerce de détail : la popularité du paiement sur mobile est en forte hausse mais, lassées d'attendre la concrétisation des promesses du sans contact (NFC), les entreprises choisissent des solutions beaucoup plus simples, disponibles immédiatement et accessibles au plus grand nombre de consommateurs. Même la vision futuriste de PayPal, à laquelle McDonald's s'intéresse (démonstrations à l'appui), est écartée (provisoirement ?) pour laisser place au modèle éprouvé du règlement en ligne.

C'est donc le pragmatisme qui l'emporte aujourd'hui, ce qui ne doit pas surprendre dans le secteur de la distribution. Une fois les consommateurs familiarisés à l'utilisation de leur téléphone pour "payer" (entre autres fonctions) et les bénéfices engrangés par les commerçants, il sera toujours temps d'évaluer d'autres solutions, si du moins elles apportent une valeur supplémentaire.

Et là est la leçon à tirer de cette nouvelle expérience : pour basiques qu'ils soient, les systèmes qui se déploient actuellement semblent largement suffisants pour combler les attentes des principaux intéressés (marchands et clients). S'ils se généralisent rapidement, les autres technologies (NFC en tête) auront fort à faire pour convaincre leurs utilisateurs cibles, car leur valeur ajoutée devient marginale, en comparaison.

En attendant, bien que je juge cet aspect de l'expérimentation moins important, PayPal pourrait en sortir gagnant, si sa présence dans GoMcDo devait se généraliser aux 30 000 restaurants de la chaîne (dans le monde). Cependant, comme dans le cas de Square et son partenariat récent avec Starbucks, un tel accord ne marquerait pas pour autant, dans l'immédiat, une avancée majeure de l'innovation dans les paiements, puisque les modèles retenus reposent toujours sur de "vieilles" technologies (les cartes, notamment).

Information repérée grâce à D.Vacher (merci !)

dimanche 19 août 2012

La Caixa apprend l'épargne aux enfants, sur mobile

La Caixa - Apprendre à épargner
Les initiatives visant à la sensibilisation ou l'éducation des enfants à la gestion de finances personnelles sont légion à travers le monde, de, par exemple, PNC Bank à Société Générale (côté banques), en passant par Bankiwi (côté startups). Pour La Caixa, toujours fière de son AppStore, le concept ne pouvait que se décliner sur mobile. Voilà donc son application "Aprende a Ahorrar" pour iPhone et iPad.

Aprende a Ahorrar ("Apprends à Économiser") est avant tout un outil à partager en famille. Les enfants y trouveront la possibilité de gérer leur budget de A à Z : allocation d'argent de poche, récompenses diverses et autres rétributions de petits services, ainsi que projets et dépenses. L'application leur permet aussi de demander un paiement exceptionnel, une augmentation ou encore un prêt – dont ils devront prendre en compte le remboursement – à leurs parents.

Ces derniers auront accès, pour leur part, à un tableau de bord sur lequel ils peuvent suivre les finances de leur progéniture. Ils vont également enregistrer dans l'application les versements effectués et répondre aux sollicitations qu'ils reçoivent. Il convient de noter immédiatement que l'application, qui est d'ailleurs offerte gratuitement à tous, clients de La Caixa ou non, n'est en aucun cas connectée aux comptes bancaires et les transactions inscrites sont purement déclaratives.

Ecran "Aprende a Ahorrar"

L'idée de créer des logiciels à vocation pédagogique sur smartphone (et non plus seulement sur le web) est parfaitement logique au vu des tendances actuelles et ce secteur semble idéalement adapté à la stratégie "mobile first" ("mobile en premier"). Dans le cas de "Aprende a Ahorrar", la cible des enfants rend ce choix encore plus pertinent, avec la progression continue de l'équipement des jeunes et leur appétence particulière pour ce support, en substitution aux PC classiques.

Une autre originalité intéressante de cette solution est de donner aux parents de la visibilité sur le budget qu'ils consacrent eux-mêmes à leurs enfants, ce qui n'est est généralement pas possible simplement (notamment avec les outils de PFM), tant que l'argent de poche est versé en espèces.

Il est toutefois regrettable que l'application de La Caixa ne soit pas conçue pour une utilisation "collaborative" : en effet, les données ne sont apparemment enregistrés que sur l'appareil sur lequel elle est installée et chaque membre de la famille ne pourra donc pas en disposer sur son propre téléphone. Si ce "détail" est confirmé, il s'agit d'une singulière erreur de conception par rapport aux usages "normaux" du mobile, qui restent très "personnels" (le principe étant beaucoup plus acceptable sur tablette).

Malgré une réalisation impeccable, la "forme" du logiciel constitue probablement une autre faiblesse. Présenté comme un jeu (l'aspect ludique étant toujours mis en avant dans ce domaine, pour convaincre les enfants de s'intéresser à l'argent), il paraît pourtant terriblement "sérieux" et les "activités" proposées sont peu propices au divertissement.

La production de services ou de contenus éducatifs est un exercice difficile à maîtriser. A mon sens, La Caixa a eu une excellente idée en l'abordant par le biais d'une application mobile, mais sa conception donne l'impression d'être bâclée et finalement en déphasage avec sa cible. Malgré tout, il faudra retenir les qualités de cette expérience et s'en inspirer pour les prochaines tentatives.

samedi 18 août 2012

Un jeu et la sagesse des foules pour un fonds d'investissement

Ticker Picker Pro
L'idée d'exploiter la "sagesse des foules" dans le secteur financier, en particulier sur les marchés boursiers, n'est pas nouvelle (un exemple : Estimize). Elle continue toutefois à stimuler la créativité des entrepreneurs, comme l'illustre Ticker Picker Pro, une nouvelle initiative qui intègre une dimension ludique pour séduire les participants.

Conçu par Deadmans Production, une jeune entreprise de développement de jeux pour smartphone, Ticker Picker Pro est en réalité une "banale" application de simulation de portefeuille d'actions. Les participants reçoivent 1000 dollars (virtuels), qu'ils doivent "investir" sur les marchés (NYSE et NASDAQ) en cherchant à maximiser leurs gains (théoriques). A la clôture de la séance quotidienne, un bon cadeau de 25 dollars récompense le joueur qui s'est le plus "enrichi" dans la journée (d'autres prix sont également distribués chaque semaine).

Ecran Ticker Picker Pro

Le téléchargement et l'utilisation des applications sont entièrement gratuits pour les mobinautes. Car le modèle économique de Deadmans est basé sur la valeur des données collectées à travers les transactions fictives des pseudo-traders, en accord avec la théorie de la "sagesse des foules" (de James Surowiecki). Pour mémoire, celle-ci établit (et de nombreuses expériences ont vérifié) que les décisions reposant sur l'agrégation des informations fournies par un groupe sont généralement meilleures que celles d'un spécialiste (si un certain nombre de conditions sont respectées).

Ticker Picker Pro est en expérimentation depuis décembre dernier et opérationnel, en version beta, depuis février (début des distributions de cadeaux). Selon ses créateurs, la "foule" des joueurs (bien que ceux-ci soient encore peu nombreux) semble déjà obtenir de meilleurs résultats que les marchés (en comparant l'évolution des portefeuilles virtuels avec les indices standards), ce qui tendrait à valider le modèle imaginé.

Forte de ces premiers succès, Deadmans affiche un objectif particulièrement ambitieux, au-delà du jeu lui-même, puisque son dispositif se verra finalisé par la création d'un fonds d'investissement, dont la stratégie sera alignée sur les conseils de la "foule" des joueurs ! Et la startup imagine alors augmenter la valeur des cadeaux qu'elle sera en mesure de distribuer, en fonction des résultats du fonds, de manière à attirer encore plus d'utilisateurs sur sa plate-forme.

Dans une certaine mesure, Ticker Picker Pro est une application astucieuse de la théorie de la "sagesse des foules". Ainsi, les récompenses aux participants, souvent discutables dans ce genre d'initiative, sont ici maintenues à une échelle modeste, limitant les risques de dérives. Beaucoup plus important, l'implémentation sur mobile est un choix brillant pour favoriser la diversité et la décentralisation des "avis" (des participants), 2 des conditions de réussite du modèle.

Malheureusement, un des critères essentiels de Surowiecki n'est pas bien respecté par l'approche retenue : l'indépendance des opinions est loin d'être garantie (comme toujours dans le cas de la bourse, pourrait-on dire) et les comportements "moutonniers" peuvent influer négativement sur les résultats, surtout en cas de crise. Notons tout de même que les fonds d'investissement classiques ne sont pas plus à l'abri de ce risque, les gestionnaires ayant aussi tendance à suivre les grands mouvements irrationnels.

En dehors de son application spécifique à un modèle économique original, l'expérience de Ticker Picker Pro devrait au moins retenir l'attention par son approche opérationnelle du jeu sur mobile, relativement facile à répliquer pour d'autres cibles de la "sagesse des foules"...

vendredi 17 août 2012

Gartner : technologies émergentes 2012

Gartner
A l'approche de la fin des vacances estivales, revient chaque année le "hype cycle" Gartner des technologies émergentes et ses multiples dérivés. L'édition 2012 réserve peu de surprises et s'avère en continuité directe avec la précédente. Les analystes profitent justement de ce calme relatif pour s'attarder sur quelques scénarios de rupture majeure, stimulés par les dernières tendances identifiées.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, rappelons que le "hype cycle" est une représentation graphique du modèle universel d'évolution de la maturité des nouvelles technologies, de leur émergence à leur généralisation, en passant par un "pic" d'enthousiasme excessif (la période du "buzz"), suivi par un "puits" des désillusions (lorsque les "sur-promesses" ne sont pas tenues). L'objectif de cet exercice est de donner aux stratèges des entreprises une idée des thèmes qu'ils doivent surveiller, au bon moment.

Gartner Hype Cycle 2012 des Technologies Emergentes

Pour la plupart des technologies présentes dans le "hype cycle", la progression de maturité entre 2011 et 2012 suit son cours "normalement". Parmi celles qui nous intéressent particulièrement, il faudra ainsi noter l'entrée (indiscutable) du paiement sans contact (NFC) dans la phase de désenchantement après son passage au pic du buzz l'an dernier. Quelques thèmes se démarquent tout de même. C'est le cas notamment des tablettes média (iPad et autres), dont le succès fulgurant les amène déjà sur la voie de la "lumière", en ayant pratiquement "sauté" l'étape des désillusions. Pour d'autres enfin, le pessimisme est de mise, comme l'illustre l'internet des objets dont la perspective de généralisation s'éloigne désormais à plus de 10 ans.

Cependant, les changements les plus intéressants sont certainement les nouvelles entrantes. En particulier lorsqu'il s'agit du paiement mobile via Internet ("OTA") qui s'affiche aux portes de la montée d'adoption. La comparaison avec le paiement NFC est sans appel et laisse planer un doute (de mon point de vue) sur la viabilité de ce dernier au vu de son "retard". Dans un tout autre registre, la vague du "BYOD" ("Bring Your Own Device", l'utilisation des appareils personnels dans le cadre professionnel) est (très logiquement) au sommet des attentes excessives, prête à subir l'épreuve de la défiance.

Afin de pimenter un peu cette livraison du "hype cycle", finalement légèrement insipide, Gartner imagine un nouveau concept de "point de bascule" ("tipping point"), permettant de projeter les technologies émergentes dans des scénarios plus larges (sociétaux, dans certains cas), qui offriront les futures opportunités de développement de valeur pour les entreprises. L'idée sous-jacente est qu'il existe une multitude de tels scénarios aujourd'hui, qui ne se concrétisent pas pour cause d'immaturité de 2 ou 3 technologies essentielles : celles-ci constituent les "points de bascule" (une fois qu'elle sont adoptées, le scénario peut se réaliser).

Dans le cas du paiement, la vision proposée est celle d'un monde sans espèces, où tous les échanges d'argent sont électroniques, et donc plus efficaces et traçables, tout en offrant commodité et sécurité aux consommateurs. Selon Gartner, les principales technologies impliquées sont celles du paiement mobile (internet ou NFC) et l'authentification biométrique, ainsi que, plus indirectement, les AppStores mobiles, la reconnaissance de contenus, l'internet des objets... Mais ici, naturellement, les "points de bascule" sont à rechercher dans la maturité des solutions de paiement mobile.

Moins trivial, le scénario de la "voix du client" décrit un futur où toutes les interactions sociales des consommateurs sont présentes et accessibles dans le "cloud", prêtes à être analysées pour offrir un meilleur service ou produit, personnalisé. Les technologies facilitatrices sont nombreuses, du "cloud computing" aux "big data", en passant par les outils analytiques des réseaux sociaux, les flux d'activité, la reconnaissance vocale, l'analyse textuelle, le crowdsourcing... Dans ce cas, les "points de bascule" seront les technologies "big data" et la réaction à l'invasion de la vie privée (si je comprends bien, une "crise" d'atteinte à la vie privée devra être franchie avant d'atteindre un "compromis" satisfaisant pour tous).

Les analystes promettent depuis longtemps l'émergence de nouveaux modes d'interactions humaines avec les technologies, plus "naturels" que le clavier et la souris qui prédominent encore aujourd'hui. Il s'agit donc bien d'un scénario à considérer, s'appuyant sur la traduction en temps réel, le contrôle gestuel, la reconnaissance vocale et bien d'autres encore. Beaucoup de ces technologies commencent en fait à se répandre (voir Nina et Lola, par exemple) mais, étonnamment, Gartner estime que ce sont NFC et les systèmes de réponse aux questions en langage naturel qui déclencheront la généralisation. Pourquoi NFC ? L'inspiration vient des TecTiles de Samsung, qui proposent de réaliser une action donnée sur son téléphone mobile (par exemple le mettre en mode silencieux à l'entrée d'une salle de spectacle) en le passant simplement devant un tag NFC.

Un autre concept qui fait rêver de longue date est celui de l'universalité des services et fonctions, sur n'importe quel appareil, à tout moment et en tout lieu. Il se trouve aujourd'hui alimenté par la consumérisation (l'introduction dans les entreprises des équipements destinés au grand public) mais reposera aussi sur l'évolution du "BYOD", du "cloud computing", des tablettes, ainsi que sur des technologies "brutes" telles que HTML5 ou le PC virtuel hébergé (HVD). Or, ce sont justement ces deux dernières que Gartner retient comme "points de bascule" : les DSI ont là un rôle important à jouer pour rendre ce scénario possible !

Comme d'habitude avec ce type d'analyse, les avis et conclusions émis peuvent aisément prêter le flanc à la critique et tous ne doivent pas nécessairement être pris au pied de la lettre. En revanche, les "hype cycles" de Gartner sont (à mon avis) d'une valeur inestimable pour mettre l'accent sur les innombrables technologies qu'il faut impérativement connaître, surveiller et, le moment venu, expérimenter et mettre en œuvre. Quant aux "tipping points" (qui me semblent encore plus discutables), ils ont au moins le mérite de projeter les réflexions dans le monde réel (et non uniquement celui de la technologie), ce qui constitue évidemment un modèle à suivre (et à prolonger).

jeudi 16 août 2012

PropertyMate : l'immobilier s'immisce dans la banque mobile

St George Bank
Poussées par le désir de créer la prochaine génération d'applications mobiles, les banques expérimentent régulièrement de nouvelles fonctions. Après les "basiques" consultation de comptes et exécution de transactions, nous avons ainsi pu voir fleurir les outils de gestion de budget et autres systèmes de paiement P2P (de "pair à pair").

Pour l'australienne St George, l'étape suivante est déjà engagée, et elle à de quoi surprendre. Néanmoins, certaines des évolutions qu'elle a récemment introduites sont logiques. Alors que les applications pour smartphone deviennent progressivement le premier canal d'interaction avec leur banque pour une partie des consommateurs, il n'est finalement pas étonnant, même si le fait reste rare, que la possibilité de souscrire des produits et services financiers y fasse son apparition. C'est, par exemple, en constatant la croissance des demandes en ligne de cartes de crédit que l'idée est venue de proposer la même option sur mobile.

En revanche, pour PropertyMate, autre nouveauté importante, la stratégie sous-jacente semble plus obscure. Non que le concept en lui-même soit dénué d'intérêt, mais son intégration dans une solution bancaire peut paraître difficile à justifier. En résumé, cet outil propose à tous ceux qui recherchent un logement (pour acquisition ou location) une sorte de journal de bord dans lequel ils peuvent consigner les compte-rendus des visites qu'ils effectuent, avec l'aide d'une check-list des points à contrôler, en y incluant photos, appréciations... Il est même prévu un export des "dossiers" en format PDF pour une comparaison à tête reposée.

Ecran PropertyMate (version BankSA)

Il ne s'agit pas là (non plus) de la première initiative d'une banque en direction du secteur immobilier (voir le cas de Commbank, aussi en Australie, avec son application baptisée "Property Guide"). On retrouve d'ailleurs dans celle de St George le même lien (assez ténu) avec le domaine financier, sous la forme, entre autres, d'un simulateur de crédit hypothécaire.

La fonction proposée peut être utile, à l'occasion, pour les clients de la banque mais, objectivement, elle a peu de chances de devenir un élément majeur de différenciation concurrentielle. Ne serait-elle pas plutôt, en réalité, un produit d'appel pour les non clients ? Pour un utilisateur de "PropertyMate", il n'y a en effet qu'un tout petit pas à franchir, sans quitter l'application, pour passer à l'ouverture d'un compte. Et si un jour il devenait possible d'initier une demande de crédit depuis son mobile, l'enchaînement deviendrait encore plus logique.

Malgré tout, le choix d'une application unique, amalgamant des services aussi hétérogènes que la consultation de compte et la recherche d'un appartement, a-t-il vraiment un sens ou bien vaut-il mieux s'en tenir au précepte "une application pour une fonction" (comme le suggère La Caixa, par exemple) ? A mon avis, la "bonne" réponse se trouve probablement à mi-chemin entre ces deux extrêmes...

mercredi 15 août 2012

Le score de crédit est mort, vive le score social !

Bank to the Future
En une semaine, avec les lancements officiels du "CRED™", par Movenbank, et de la plate-forme BankToTheFuture.com, le monde de la finance a (enfin !) commencé à basculer concrètement dans l'ère de la "Banque 2.0", où les traditions ancestrales d'évaluation des scores de crédit des consommateurs et des entrepreneurs laissent la place à un système moderne, exploitant les technologies contemporaines et dont les médias sociaux constituent le cœur.

Pour Movenbank, il ne s'agit aujourd'hui que d'un petit pas dans le déroulement d'une stratégie qui avait été dévoilée il y a presque un an. Lentement donc, mais sûrement, la startup construit son modèle disruptif (aux États-Unis) et la nouvelle étape qu'elle vient de franchir est l'ouverture publique, à tous les consommateurs, de son outil de mesure de "crédibilité", le CRED™. Il est désormais possible pour tout un chacun de s'inscrire et d'obtenir son CREDscore, calculé à partir de ses interactions sur les réseaux sociaux et de ses comportements en matière de gestion de finances personnelles.


En l'état actuel du projet, ce ne sont que les profils sociaux et les réponses à quelques questions sur leurs finances qui permettent d'évaluer le score des premiers inscrits. Lorsque Movenbank sera devenue une vraie banque (ce qui prend décidément bien longtemps), les transactions réalisées viendront enrichir le calcul. Et, inversement, c'est aussi sur la base de ce score que seront proposés les produits financiers aux clients. Le score de crédit, bien connu outre Atlantique mais existant aussi en France (sous une forme plus discrète mais non moins opaque), aura alors disparu du paysage, avec tous ses défauts et inconvénients.

BankToTheFuture, de son côté, applique exactement les mêmes recettes (au Royaume-Uni), mais à une toute autre cible : le financement de projets et/ou d'entreprises. On retrouve en fait ici un modèle P2P (de "pair à pair") combinant crowdfunding, crowdinvesting et, à partir de 2013, crowdlending. Cela signifie que la plate-forme permet de mettre en contact des personnes à la recherche de fonds avec des "investisseurs" individuels, et de leur proposer 3 stratégies différentes : la première offre une compensation sous forme de produit ou autre avantage particulier (crowdfunding), la deuxième correspond à une acquisition de parts de la société (c'est-à-dire un investissement à proprement parler) et la dernière est un "simple" crédit.

Pitch BankToTheFuture

Comme dans toutes les initiatives du genre, les projets sont évalués et filtrés avant d'être proposés aux investisseurs potentiels. Et, dans le cas de BankToTheFuture, tous les participants, demandeurs et apporteurs de fonds, se voient attribuer un "score social", pris en compte pour estimer les risques qu'ils représentent. Ce sont notamment les comptes ouverts sur les plates-formes généralistes (Twitter, Facebook, Google+, Linkedin, exactement comme Movenbank) qui sont explorés mais les interactions "locales" sont également prises en compte, par exemple des revues par des pairs et l'activité générale sur le site.

A vrai dire, BankToTheFuture n'abandonne pas totalement le score de crédit, qui reste un des éléments d'évaluation des inscrits, avec une vérification d'identité, en plus de la mesure du "score social". Mais, pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion de prouver leur fiabilité financière par les moyens actuels, le financement restera possible, en prouvant leur "valeur sociale", qu'elle soit établie sur les médias sociaux publics ou à travers leur engagement sur la plate-forme de la startup.

Ces derniers temps, le Royaume-Uni est devenu un petit paradis pour les initiatives de financement P2P (sous toutes leurs formes). La réglementation (ou, plus exactement, son absence, surtout dans le domaine du crowdfunding) y est certainement pour beaucoup. Mais la situation pourrait évoluer car le régulateur commence à s'inquiéter de la prolifération de ces sites et sa première action est de publier une note soulignant les risques élevés encourus par les investisseurs. Il est clair qu'en l'absence de juridiction précise, le consommateur ne bénéficie d'aucune protection et doit donc être conscient du "danger", sur lequel les plates-formes n'insistent évidemment pas.

Cependant, au-delà du devoir d'information et de sensibilisation des utilisateurs, la réduction du risque est, bien entendu, la meilleure stratégie pour aboutir à un modèle gagnant pour tous. Et le développement des mesures de "score social" est un excellent moyen de progresser dans cette direction, qu'il soit appliqué à l'iinvestissement dans une entreprise ou à des produits financiers pour les particuliers. Alors pourquoi cette idée reste-t-elle toujours aussi rarement mise en œuvre ?

mardi 14 août 2012

Les PME comptent sur leur banque pour les protéger de la fraude

Etude Guardian Analytics - Ponemon Institute
A l'instar des particuliers, les entreprises utilisent largement les services de banque en ligne pour conduire leurs opérations financières. Cette tendance n'a pas échappé aux escrocs qui y voient des opportunités particulièrement lucratives, surtout du côté des PME, qui sont moins bien armées pour lutter contre la fraude. Une étude [PDF], conduite par l'institut Ponemon pour le compte de Guardian Analytics, fournisseur de solutions de sécurité, fait le point sur une situation qui ne s'améliore toujours pas.

Bien que basée sur une enquête menée uniquement aux États-Unis, auprès d'un millier de responsables de petites entreprises, il ne faut pas s'y tromper : les observations et les conclusions qui ressortent de cette analyse sont presque universelles et s'appliquent aussi en Europe, à un degré ou un autre, éventuellement avec un décalage dans le temps. Et les perspectives dressées sont suffisamment alarmantes pour inciter les banques à prendre les devants, sans attendre.

Les risques pour les entreprises sont extrêmement réels, puisque près de 3 entreprises sur 4, parmi celles qui sont interrogées, déclarent avoir déjà été la cible d'une tentative de fraude, sur leurs comptes accessibles en ligne, et plus d'1 sur 2 à été visée dans les 12 mois précédents l'enquête. Au total, certains experts estiment que ce sont plus d'1 milliard de dollars qui seraient volés chaque année sur les comptes des PME.

Pourtant, le danger qu'il représente ne ralentit pas la progression du canal Internet. En 2012, 20% des entreprises réalisent toutes leurs transactions en ligne et elles ne sont plus que 15% à ne jamais l'utiliser (ou presque pas). En parallèle, les accès se font de plus en plus fréquemment en dehors du bureau, avec 85% de connexions depuis le domicile ou un autre lieu et 54% sur mobile, en très forte progression (plus du double du chiffre de 2010).

Plus grave, les pratiques de sécurité, qu'elles soient technologiques (installation de systèmes de protection) ou procédurales (double contrôle ou approbation systématique des paiements, par exemple), ne progressent quasiment pas d'une année sur l'autre, même dans le cas des entreprises qui sont victimes d'une attaque !

En fait, les responsables interrogés considèrent en majorité (à 72%) que leur banque est entièrement responsable de la sécurité de leurs comptes en ligne. Conséquence directe, plus de la moitié d'entre eux perdraient confiance dans leur institution au premier incident. Et si, de surcroît, leur établissement ne rembourse pas la totalité de leurs pertes, ils sont 83% à déclarer qu'ils porteront leurs comptes à la concurrence. Au-delà de l'intention affichée, ce sont plus d'un quart des victimes de pertes qui ont réagi en changeant effectivement de banque principale.

Conclusion, les institutions peuvent se retrouver doublement sanctionnées quand la fraude touche les entreprises : par les pertes financières directes induites mais aussi par la perte de clientèle. Or, comme il ressort de l'enquête qu'elles sont encore très peu proactives dans la détection des incidents (ce sont les utilisateurs qui les repèrent eux-mêmes, le plus souvent), il leur reste certainement une marge de progression importante dans la lutte contre les malversations en tout genre...

lundi 13 août 2012

Square et Starbucks s'unissent dans le paiement mobile

Pay with Square
La fin du cash ! La mort du NFC ! L'avènement du paiement sur mobile ! Les titres provocateurs n'ont pas manqué pour saluer l'annonce, la semaine dernière, d'un partenariat entre Square et Starbucks. L'excitation initiale est en train de retomber et il est donc temps de regarder objectivement ce qu'il en est...

La réalité n'est en effet pas tout à fait celle qui a été peinte par la plupart des médias : le seul volet concret significatif de cet accord, en dehors de l'investissement de la chaîne de cafés dans la startup, consiste à faire de Square le processeur des transactions par carte de Starbucks aux États-Unis. Une victoire certes importante pour la jeune société mais qui restera totalement invisible des consommateurs.

Ainsi, malgré l'attention qu'elle a suscitée, la possibilité d'utiliser l'application "Pay with Square" n'a probablement pas vocation à devenir un moyen de paiement de prédilection pour une majorité de clients. A ce jour, un quart des transactions est réalisé avec la carte Starbucks, basée sur un compte prépayé et associée à un programme de fidélité attractif. Les consommateurs à qui s'adresserait la solution de Square continueront certainement à préférer la version mobile de cette option, dont la popularité ne se dément pas.

Derrière ces "détails", ce qui compte vraiment est la stratégie des deux partenaires. Pour Square, deux facteurs essentiels sont à considérer : le volume de transactions et la visibilité apportés par Starbucks. Le premier est celui qui peut rapprocher la société de la profitabilité, car le secteur des paiements est un marché de masse où les marges sont réduites, surtout quand les transactions passent par les réseaux de paiement traditionnels. Le second lui donne un surcroît de notoriété et, surtout, une légitimité difficile à acquérir pour une startup et dont l'absence pouvait lui nuire face aux solutions concurrentes de PayPal et Intuit.

Du côté de Starbucks, c'est une vision de l'avenir du commerce de proximité qui fait la valeur de l'accord. L'entreprise est déjà devenue, en 18 mois, une des pionnières du paiement sur mobile, traitant désormais plus d'un million de transactions par semaine avec son application et sa technologie, relativement "rustique", à base de QR Code, simple transposition de ses cartes traditionnelles.

Starbucks Mobile

Le succès est donc indiscutable, mais le système retenu n'est vraisemblablement pas viable à long terme, ne serait-ce que parce qu'il est fermé et propriétaire, alors que des solutions ouvertes vont progressivement s'imposer, avec les mêmes avantages pour les commerçants, mais sans que ceux-ci aient à investir dans un métier (de technologies) qui n'est pas le leur. Or, pour Starbucks, le choix est fait (et c'est bien à son initiative que la négociation a eu lieu) : Square est aujourd'hui la mieux positionnée pour répondre aux enjeux à venir.

La logique de l'entreprise n'est pas nouvelle et a déjà été expliquée par ses dirigeants : les consommateurs apprécient de pouvoir payer avec leur téléphone, si cela est plus simple et plus rapide que d'utiliser un autre moyen. L'application Starbucks répond précisément à cette demande, sans fioritures excessives et en assurant une compatibilité avec un maximum d'appareils, dès aujourd'hui. Cependant, les systèmes de paiement évoluent rapidement et l'entreprise souhaite rester à la pointe de la vague mobile à venir, avec des solutions pérennes.

Starbucks n'est qu'un "petit" acteur du commerce avec "seulement" 17 000 points de vente à travers le monde, en comparaison, par exemple, des centaines de milliers de boutiques équipées de terminaux de paiement compatibles NFC. Mais sa réputation d'innovateur fait automatiquement de ses initiatives des modèles qui retiennent l'attention de ses concurrents et pairs. Sa préférence persistante pour des approches de paiement mobile "basiques" va encore faire réfléchir les commerçants qui s'intéressent au sans contact...