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C'est pas mon idée !

lundi 30 juin 2014

Osper, la banque mobile des enfants

Osper
Depuis longtemps, deux catégories de clientèle sont relativement délaissées par le système financier traditionnel des pays développés et attirent – naturellement – les nouveaux entrants : les populations modestes, sous-bancarisées, a priori peu rentables, et les enfants, pour lesquelles les offres existantes ne sont pas adaptées.

Dans les deux cas, les opportunités sont importantes mais elles sont difficiles à saisir dans les banques historiques car elles requièrent l'adoption de modèles (économiques et opérationnels) extrêmement différents de ceux dont elles ont l'habitude. A l'inverse, les startups technologiques sont idéalement positionnées pour en tirer le meilleur parti grâce à l'automatisation extrême dont elles sont capables, qui réduit leurs charges et leur permet d'espérer atteindre la rentabilité sur des secteurs à faible marge.

Dans ce paysage, la banque à destination des enfants occupe une position un peu particulière. En effet, si elle n'est pas très rémunératrice en soi, elle constitue tout de même un point d'entrée important pour une relation qui devient souvent durable et, donc, profitable à long terme. C'est la raison pour laquelle les institutions financières tentent leur chance sur ce marché. Mais en n'apportant que des produits et services plus ou moins « standards », leurs efforts sont finalement peu convaincants.

Comparons par exemple les offres de carte pré-payée d'un établissement classique, parfois accompagnées de quelques avantages ciblés sur la jeunesse, avec le compte bancaire que propose la jeune pousse britannique Osper, pourtant lui aussi basé sur une carte (MasterCard) pré-payée. Les services fournis « autour » de cette dernière font toute la différence : une application mobile pour les enfants (qui soutient la promesse d'accompagner leur éducation financière) et une autre pour leurs parents (qui gardent ainsi le contrôle sur les dépenses de leur progéniture).

Rien d'extraordinaire pourtant derrière le concept. Les enfants disposent d'une carte tout à fait normale, avec laquelle il peuvent payer leurs achats – en boutique et sur internet – ou retirer des espèces sur un distributeur. Le logiciel qui leur est dédié leur permet simplement de suivre l'état de leurs finances personnelles, solde du compte et détail des transactions, de surveiller l'arrivée prévue de leur argent de poche, de gérer leurs projets en épargnant, ainsi que de réclamer des fonds à leurs parents.

Ces derniers ont à leur disposition un ensemble d'options de pilotage : visibilité totale sur les dépenses enregistrées, activation et désactivation de la carte à la demande… Pour le fonctionnement au quotidien, il leur suffit d'associer leur propre carte bancaire au compte Osper et ils peuvent alors alimenter les cartes de leurs enfants à volonté, soit ponctuellement (notamment en cas d'urgence), soit en mettant en place une allocation automatique par semaine ou par mois.

Osper

L'ensemble est porté par un modèle économique particulièrement audacieux : l'accès initial est gratuit pendant un an, puis chaque carte est facturée (10£) les années suivantes, tandis que seules les opérations « exceptionnelles » donnent lieu à des frais (par exemple les retraits et les paiements à l'étranger). La startup compte prospérer uniquement sur les abonnements, les commissions d'interchange et les intérêts perçus sur les dépôts, ce qui suppose une structure de coûts extrêmement réduite.

Avec l'annonce d'une levée de fonds de 6 millions de livres sterling – qui devrait valider l'idée qu'il est désormais possible de créer une banque pour 10 millions de dollars (et des coûts de fonctionnement de 5 millions par an) – et un article dans TechCrunch, Osper crée aujourd'hui le buzz mais son approche n'est ni exclusive ni récente. Pour ne citer qu'un exemple, au Royaume-Uni aussi, PktMny (renommée depuis goHenry) lançait une offre similaire dès la fin 2012.

Loin de n'être qu'une tendance anecdotique, l'impact de ces nouvelles banques pourrait être bien plus important qu'il n'y paraît au premier abord. Il ne s'agit pas seulement de conquérir une clientèle « fraîche », prête à être à fidélisée et que ces startups accompagneront en faisant évoluer leurs offres. Il est aussi question, avec leurs solutions mobiles, de façonner la relation à l'argent d'une génération, qui, une fois parvenue à l'âge adulte, se détournera irrémédiablement des établissements traditionnels…

dimanche 29 juin 2014

La banque transparente avec ReadyForZero

ReadyForZero
ReadyForZero a été fondée en 2011 sur l'idée d'aider les ménages américains à mieux gérer et réduire leurs dettes grâce à des outils en ligne simples et gratuits. Focalisée d'abord sur les cartes de crédit, elle a rapidement étendu son spectre aux prêts hypothécaires et étudiants et administre désormais plus de 2 milliards de dollars d'encours.

Afin de poursuivre son développement, la startup a récemment dévoilé une nouvelle solution permettant d'intégrer les fonctions qu'elle propose au sein des sites web de partenaires. De la sorte, non seulement peut-elle espérer conquérir des utilisateurs supplémentaires mais, surtout, elle va pouvoir démultiplier leur exposition à ses tableaux de bord et ses recommandations, facteur essentiel de son approche de sensibilisation aux risques de délinquance budgétaire.

Cependant, dans sa démarche, ReadyForZero ne cible pas n'importe qui : cette ouverture est principalement destinée aux institutions financières. Son objectif est en effet de donner l'opportunité aux consommateurs de reprendre le contrôle de leur argent, dans les services de banque en ligne où ils le gèrent quotidiennement. L'enjeu pour la jeune pousse est d'abord de mieux remplir sa mission en tentant de se placer au plus près de « l'action », c'est-à-dire là où les utilisateurs prennent la plupart de leurs décisions.

Widget ReadyForZero

En pratique, le module proposé aux partenaires reste, à ce stade, relativement modeste (il serait exagéré de parler d'API). Il s'agit d'un widget, permettant à l'utilisateur connecté de suivre l'évolution de ses dettes et d'accéder rapidement aux actions suggérées. Contrepartie de son « dépouillement », il est extrêmement simple à intégrer dans un site web. De plus, les équipes de la startup sont à la disposition des banques intéressées afin de les assister dans cette tâche (par exemple pour identifier les clients à cibler).

A l'occasion d'un précédent billet sur ReadyForZero, j'imaginais déjà qu'un service de ce genre serait plus pertinent et plus efficace au cœur des services de banque en ligne et mobile. Cette possibilité est maintenant à la portée des institutions financières : l'une d'entre elles – surtout parmi celles qui clament haut et fort leur engagement de transparence et leur volonté d'agir dans l'intérêt de leurs clients – saisira-t-elle l'opportunité qui se présente ? Dans l'affirmative, il est probable que bien d'autres fonctions pourraient venir compléter et enrichir le widget actuel…

samedi 28 juin 2014

Accélération pour la Siri de la banque

Kasisto
Alors qu'il présente des résultats extrêmement flatteurs pour les startups de ses 3 premières promotions, l'incubateur new-yorkais « Fintech Innovation Lab » accueille encore une fois quelques pépites pour sa quatrième session, parmi lesquelles Kasisto attire plus particulièrement mon attention aujourd'hui.

Il faut d'abord noter que la jeune pousse ne vient pas de nulle part, puisqu'elle est une spin-off de SRI International, la société à l'origine de la célèbre assistante virtuelle Siri, présente sur tous les iPhones depuis quelques années. Et ce n'est pas tout ! Son certificat de naissance porte également la marque de « Lola », la petite sœur spécialiste de la banque, qui était expérimentée par BBVA Compass dès 2012. La filiale américaine du groupe espagnol reste d'ailleurs un partenaire stratégique de la nouvelle structure.

Sans surprise au vu de ce pedigree, la cible sectorielle prioritaire des interfaces conversationnelles de deuxième génération que prépare Kasisto sera le secteur financier. La perspective est en effet de prolonger le développement de « Lola », afin d'en faire une solution plus riche – reproduisant toujours mieux une expérience proche d'une interaction avec un être humain – et simple à implémenter dans les institutions financières, aussi bien pour leurs services aux particuliers, aux entreprises ou aux clients de gestion de patrimoine.

La vision de la startup est celle d'une plate-forme qui peut être intégrée dans une application de banque mobile en quelques jours ou semaines, à moindre coût, permettant de conseiller l'utilisateur à travers une interface multi-modale (textuelle, tactile et vocale) et un moteur d'intelligence artificielle. Grâce à la participation de BBVA Compass dans sa conception, les « conversations », fortement contextualisées, prendront en compte une connaissance approfondie des attentes des clients, des contraintes réglementaires…

Après une première vague d'assistants virtuels, essentiellement restée au stade expérimental, dont l'objectif était avant tout de simplifier l'accès aux multiples fonctions des applications mobiles, la nouvelle génération qui se dessine chez Kasisto semble avoir des ambitions plus larges. Ainsi, quand il est question d'exécuter sur le smartphone des tâches complexes, requérant normalement une intervention humaine et un certain niveau d'expertise, la perspective est clairement d'automatiser le conseil financier et le rendre disponible à tout moment et en tout lieu…

Kasisto

vendredi 27 juin 2014

Données ouvertes dans les banques britanniques

U.K. Department for Business, Innovation and Skills
Il y a presque un an, le programme « midata » du gouvernement britannique s'engageait sur la voie de la réglementation afin de permettre une reprise du pouvoir des consommateurs sur les données leur appartenant. Aujourd'hui, avant même la moindre intervention législative, ses premiers effets concrets commencent à poindre.

Sans surprise, au vu des efforts constants déployés par l'administration pour promouvoir la concurrence bancaire au Royaume-Uni, la première initiative qui aboutira a pour objectif d'offrir aux citoyens les moyens de comparer en toute confiance et en totale transparence les comptes courants proposés par les différentes institutions financières du pays. Les résultats ne devraient être visibles qu'en fin d'année mais un récent accord conclu entre les parties intéressées rend désormais cette échéance réaliste.

Parmi celles-ci, les 6 principales banques britanniques (Barclays, HSBC, Lloyds, Nationwide, RBS et Santander) ont convenu de mettre à la disposition de leurs clients une fonction de téléchargement de l'ensemble de leur historique d'opérations sur une année pleine, dans un format commun. De l'autre côté, un certain nombre de plates-formes spécialisées se préparent à intégrer ces données en vue d'identifier pour chaque consommateur concerné l'établissement qui aurait pu lui offrir les meilleures conditions correspondant à son comportement.

midata Innovation Lab

Aux termes du standard adopté, les informations transmises – uniquement sur une action explicite de leur propriétaire – sont anonymisées et ne devraient donc pas permettre d'identifier l'utilisateur. En revanche, elles conserveront un niveau de détail suffisant pour rendre possible un conseil extrêmement précis. Par exemple, l'identification des commerçants où les achats sont réalisés pourra être utilisée pour détecter un habitué d'une chaîne de supermarchés à qui il pourrait alors être recommandé d'adopter son offre bancaire et ses avantages spécifiques (pensez Tesco…).

A la lecture d'une récente intervention d'Andrea Leadsom, « secrétaire économique » du Trésor britannique, il apparaît clairement que les exigences d'ouverture à la concurrence n'en sont qu'à leurs débuts (la portabilité du numéro de compte est à l'ordre du jour, notamment). Il est fort probable que l'accès transparent à leurs données par les consommateurs – qui en est une des clés – devienne une règle universelle, à terme. Les banques historiques continueront-elles à subir cette pression sans réagir ou finiront-elles par tenter, elles aussi, de profiter des opportunités ainsi ouvertes ? Imaginons donc que l'une d'elles décide de créer son propre comparateur…

jeudi 26 juin 2014

Banque et SMS : je t'aime… moi non plus

LCL
Bien avant la prolifération des smartphones et des applications mobiles, la communication par SMS a amené de nouveaux usages, notamment à des fins de sécurité dans la banque et les paiements. Une petite collision d'actualités au sein du groupe Crédit Agricole nous donne l'occasion d'en évaluer les perspectives futures…

La première des deux annonces en question concerne LCL. Selon un court article du site FStech, la banque est désormais en mesure de transmettre à ses clients les codes secrets de leur carte par SMS, en motivant cette évolution par des raisons de sécurité. Le raisonnement est en effet qu'un envoi postal à la même adresse que celle où est envoyée la carte – dans l'hypothèse où le bénéficiaire ne se déplace pas en agence pour la retirer – constitue un risque de fraude significatif contre lequel elle veut lutter.

La nouveauté a également pour objectif de fluidifier l'activation des cartes – grâce à l'immédiateté et l'ubiquité de la réception du code sur le téléphone mobile – et de réduire les coûts administratifs. Sur ce dernier volet, outre la diminution drastique des frais d'acheminement, la plate-forme mise en œuvre permettant d'envoyer un rappel en cas d'oubli, ce sont toutes les charges liées aux ré-initialisations et ré-émissions de codes PIN qui pourront être potentiellement abaissées, sinon effacées.

La seconde information notable est à découvrir dans le « guide de sécurité internet » du Crédit Agricole. Les clients y apprennent à reconnaître les applications mobiles malveillantes destinées à capturer les SMS utilisés, entre autres, pour la validation des paiements 3-D Secure ou la confirmation de virement bancaire. Les attaques de ce genre, combinant des composantes sur PC et sur téléphone, ne sont certes pas nouvelles mais le fait que la banque y consacre un article montre qu'elles deviennent préoccupantes.

Exemples de logiciel malveillant mobile

Alors, le SMS, facteur de sécurité ou solution menacée ? La réponse tient dans une vision variable des échelles de temps. Pour les experts du Crédit Agricole, le danger est bien réel et si l'usage des messages texte en tant qu'élément de protection perdure, ce n'est que parce qu'il n'a pas à ce jour de substitut efficace. A l'inverse, du point de vue des responsables opérationnels de LCL, les bénéfices espérés sont suffisamment importants pour justifier une prise de risque encore perçue comme acceptable.

Pourtant, leurs trajectoires convergeront tôt ou tard, car la sécurité du SMS comme deuxième facteur d'authentification est (en l'état) définitivement compromise. L'approche adoptée par LCL aura donc nécessairement une durée de vie réduite. D'autant plus que, outre les risques de détournement des messages, l'envoi du code secret par SMS pourrait promouvoir des comportements dangereux chez les clients, s'ils sont ainsi tentés de le stocker en permanence sur leur téléphone, sans protection…

Information sur le Crédit Agricole repérée grâce à Sémaphore Conseil (merci !)

mercredi 25 juin 2014

Rainy Day met du social dans le crédit

Rainy Day
La micro-finance, telle qu'imaginée par Muhammad Yunus et implémentée par la Grameen Bank, a largement démontré ses qualités dans les pays émergents. La jeune pousse américaine Rainy Day tente maintenant de décliner le concept aux États-Unis, à destination des utilisateurs habituels de l'avance sur salaire (« payday lending »).

A l'instar de son modèle, la startup fonde son approche sur les réseaux sociaux. Attention, même si l'inscription au service requiert un compte Facebook, il n'est pas vraiment question ici de ce genre de plate-forme : ce sont les contacts « réels » de l'utilisateur (amis, famille…) qui entrent en ligne de compte pour déterminer sa fiabilité. Principale différence avec la Grameen Bank, qui établit des relations de proximité avec ses emprunteurs (au prix du déploiement d'importants moyens humains), Rainy Day emploie des algorithmes pour déterminer la confiance à accorder à ses clients.

En pratique, comment le système fonctionne-t-il ? Pour son premier emprunt, qui peut atteindre 1 000 dollars sur une période de 31 jours, le nouveau venu se voit proposer des conditions basiques. Elles pourront ensuite s'améliorer au fur et à mesure de la ponctualité de ses remboursements et, surtout, en fonction du comportement des autres utilisateurs qu'il aura recommandés. Ainsi, si une personne prend du retard sur un paiement, c'est l'ensemble de son réseau de connaissances (à 2 niveaux, donc jusqu'aux amis de ses amis) qui en pâtira.

Rainy Day

Rainy Day innove également sur son modèle de tarification. A l'opposé de la pratique courante des intérêts fixes payés d'avance, la société prélève une somme donnée par jour de crédit, due uniquement pour la période de prêt effective, ce qui incite au remboursement anticipé. Quel que soit le montant emprunté, ces frais s'élèvent initialement à 2 dollars pour les nouveaux clients, mais peuvent descendre jusqu'à 1 dollar pour les utilisateurs les plus fiables. De plus, une offre spéciale « coup dur » permet d'obtenir la gratuité des 5 premiers jours une fois par trimestre.

Sans aucune prétention philanthropique, Rainy Day veut tout de même lutter contre les excès des prêteurs à court terme en adoptant une nouvelle approche de la gestion du risque de défaut. Elle s'appuie pour ce faire sur une technique éprouvée, mais en transposant celle-ci dans un contexte totalement différent : il sera intéressant de voir si la pression sociale qui en constitue le moteur reste suffisamment importante dans un pays développé, avec des interactions pilotées par des moyens électroniques, pour que la viabilité de l'approche survive à cette acclimatation…

mardi 24 juin 2014

Quand une PDG interpelle les DSI…

ASB
Dans le cadre de sa participation au programme « influenceurs » de LinkedIn, Barbara Chapman – PDG d'ASB, la filiale néo-zélandaise de CommBank – a récemment produit une sorte de manifeste, exhortant les DSI (en général) à réagir avant qu'ils ne deviennent les dinosaures de l'entreprise de demain.

Son récit commence par une analogie avec un centre de recherche nucléaire perdu au fin fond du Manitoba canadien : établi en 1963, en pleine guerre froide, il attirait alors les scientifiques les plus brillants. Quelques décennies plus tard, la détente puis la chute du mur de Berlin ont changé la donne. Les chercheurs, accoutumés à une sorte de « confort » exacerbé par leur isolation et leur communautarisme, n'ont pas su s'adapter aux nouvelles réalités géo-politiques et l'installation est rapidement devenue obsolète.

Aujourd'hui, les DSI se trouvent dans une situation similaire. De longue date, ils sont au cœur de l'innovation et pilotent toutes les évolutions technologiques dans leurs entreprises, notamment les banques. En même temps, ils ont constitué leur « forteresse », séparée – de manière plus ou moins marquée – du reste de l'organisation. Or, ces dernières années, le monde a commencé à changer à une vitesse prodigieuse, et Barbara Chapman leur pose donc la question clé : que font-ils pour comprendre et s'adapter à la révolution en cours ?

Ne nous y trompons pas : tout le monde doit être en alerte sur les gigantesques transformations qui affectent les entreprises. Mais le DSI a une responsabilité toute particulière de s'assurer que sa stratégie est en ligne avec la nécessaire transition à amorcer. En effet, il occupe, en principe (et historiquement), une position privilégiée pour appréhender ce qui se dessine à l'horizon – bien avant que ses collègues n'en ait conscience – et préparer l'avenir.

A une échelle plus macroscopique, le DSI a d'abord une obligation de comprendre ce que veut dire et implique fondamentalement l'idée – certes un peu « tarte à la crème » – selon laquelle la technologie transforme profondément la société. Car si les défis auxquels il est confronté peuvent être excitants, il sera incapable de les relever s'il n'en mesure pas clairement l'étendue et les enjeux. A défaut, il sera relégué aux « oubliettes » de l'informatique, et ce rôle de vigie et d'innovateur sera pris par un autre.

Pris à revers, le billet de Barbara Chapman et l'urgence qu'il porte semblent indiquer que son message, pour aussi évident qu'il puisse paraître, est encore loin d'avoir été universellement pris en compte… S'agit-il d'un excès de pessimisme de sa part ou bien les DSI sont-ils vraiment en train de rater leur « révolution numérique » ?

ASB

lundi 23 juin 2014

Microsoft veut démocratiser l'apprentissage automatique

Microsoft Azure
Si les grandes promesses de l'intelligence artificielle sont encore loin d'être devenues réalité, les progrès sont de plus en plus visibles, au moins dans quelques domaines spécifiques. L'apprentissage automatique (« Machine Learning ») fait naturellement partie de ceux-ci, nous invitant à prédire l'avenir grâce à l'analyse de données.

Mais quelle est-donc cette discipline, exactement ? Son principe consiste à explorer les gigantesques volumes de données désormais disponibles dans toutes les grandes entreprises, afin de détecter automatiquement des « motifs » récurrents qui permettent de déduire les relations de cause à effet sous-jacentes au fonctionnement du système étudié. De la sorte, lorsqu'intervient un événement préalablement identifié, il est possible, par analogie, de prévoir un comportement futur.

En dépit des apparences, il ne s'agit pas que de théorie et nous pouvons déjà constater les bénéfices de ces approches dans notre vie quotidienne. Par exemple, les outils de détection de fraude sur les paiements les mettent de plus en plus souvent en œuvre pour réagir plus rapidement aux menaces émergentes, tout comme les assistants virtuels qui envahissent nos smartphones, toujours prêts à répondre à nos questions (posées en langage naturel, bien entendu), en apprenant (seuls) à corriger leurs erreurs de jeunesse.

A l'heure actuelle, la conception et la mise en œuvre des modèles mathématiques sur lesquels se fonde l'apprentissage automatique sont réservées à des experts de l'analyse de données et des statistiques. Or les besoins des entreprises sont énormes et c'est donc la raison pour laquelle Microsoft s'apprête à lancer son nouveau service dans le cloud « Azure Machine Learning », présenté comme un outil accessible au commun des mortels, y compris des utilisateurs sans compétences de développement logiciel.

Microsoft Azure Machine Learning

Pour ce faire, la plate-forme – qui ne sera ouverte en version beta qu'à partir de juillet – se présente comme un atelier de conception au sein duquel le néophyte assemble graphiquement des éléments de modèles d'analyse. Les développeurs peuvent également y intégrer leurs propres algorithmes, écrits en langage R, qui deviennent alors immédiatement disponibles pour les autres utilisateurs. Après validation sur des données historiques, les modèles sont exportés comme des services web, qu'il est possible d'invoquer dans tout type d'application.

La démocratisation de l'apprentissage automatique telle qu'elle est esquissée par Microsoft n'est pas uniquement liée à la possibilité d'une prise en main par des non spécialistes. Entre aussi en ligne de compte – peut-être de manière encore plus importante – la mise à disposition du service dans le cloud Azure. En effet, grâce à ce choix, les utilisateurs peuvent se lancer immédiatement, sans se préoccuper d'acquérir et installer les infrastructures – souvent lourdes – normalement nécessaires pour les applications d'analyse de données…

Les deux arguments combinés ont de quoi convaincre nombre de décideurs – par exemple dans des directions marketing – qui souhaiteraient expérimenter ces nouvelles techniques sans engager des investissements importants. Il existe cependant un risque non négligeable que la facilité avec laquelle l'apprentissage automatique peut être exploité engendre des dérives. Après tout, l'expertise des « data scientists » n'est pas seulement dans la programmation mais plutôt dans la qualité des raisonnements qu'ils appliquent.

Imaginez ainsi les effets dévastateurs que pourraient causer des modèles aussi absurdes que les corrélations fallacieuses exposées ici

dimanche 22 juin 2014

Axa crée un incubateur des « smart data »

Axa
Mise en place d'un « Datalab », concours à l'intention des « data scientists »… et, maintenant, création d'un incubateur ouvert aux spécialistes des données : on savait déjà que le monde de l'assurance reposait sur l'analyse de l'information, Axa montre que ses besoins en la matière sont toujours plus importants et plus urgents…

En l'occurrence, c'est la filiale « directe » du groupe – Axa Global Direct – qui lance un appel à projets en collaboration avec la structure Paris Incubateurs. Sa cible est constituée d'entreprises en cours de développement initial ou ayant déjà défini leur produit et conquis leurs premiers clients. Elle n'est pas circonscrite au secteur de l'assurance puisqu'elle englobe toutes les possibilités d'application des « big data » ou « smart data », aussi bien au cœur de métier qu'à la connaissance client.

Plus précisément, Axa Global Direct s'intéresse aux solutions d'intelligence artificielle et d'auto-apprentissage, à l'analyse prédictive en temps réel, à la segmentation « intelligente » de la clientèle, à l'exploration des données en général… au service de l'ensemble de ses activités : l'évaluation des risques, la conception de modèles de tarification, la détection de fraude, l'étude des comportements des consommateurs, l'augmentation des taux de transformation, la satisfaction des clients…

Appel à projets « smart data »

En pratique, les 5 à 8 jeunes pousses qui seront retenues pour la première promotion de l'incubateur « Smart Data for Customer Intelligence » se verront offrir un « package » relativement classique. Du côté de Paris Incubateurs, le support fourni comprend la logistique (locaux et espaces divers, subvention ou avance de trésorerie…), la connexion à un large écosystème européen d'innovation et un accompagnement opérationnel (sessions de formation et ateliers, coaching…).

Axa Global Direct, pour sa part, apporte essentiellement des opportunités de contacts au travers de son organisation globale : mise en relation avec ses différentes entités dans le monde, développement de la visibilité de l'offre dans divers événements, recherche de synergies « métier » (expérimentations, ouverture des marchés et clients de l'entreprise…). Le financement n'est pas à l'ordre du jour mais il est prévu un accès privilégié au réseau d'investissement du groupe (y compris Axa Seed Factory).

Les données sont, par nature, au cœur des modèles économiques de l'assurance. En conséquence, ces derniers se trouvent directement menacés par la profonde transformation qui s'opère actuellement, sous l'impulsion des nouvelles approches de l'analyse de l'information et des technologies qui les accompagnent. La réaction d'Axa est à la mesure des enjeux : il lui faut à la fois appréhender en interne les innovations qui définisse son avenir et engager des partenariats avec les acteurs émergents qui lui fourniront les solutions dont elle aura aussi besoin pour façonner ses futures offres.

samedi 21 juin 2014

Le paiement par iBeacon arrive… à Brixton

Brixton Pound
Depuis l'annonce par Apple de la technologie « iBeacon », suivie des expérimentations de PayPal avec un dispositif similaire, tout le monde s'attendait à une rapide adoption au sein d'un porte-monnaie mobile. Un an plus tard, une des premières réalisations concrètes arrive (enfin !?) dans les AppStores…

Et elle a de quoi surprendre, puisque le support en sera la « Brixton Pound », monnaie locale du quartier éponyme du sud de Londres. Pour mémoire, celle-ci a été créée en 2009 comme une alternative à la livre sterling, dans le but de stimuler une économie de proximité. Initialement proposée sous forme physique (en billets), elle a été déclinée en 2011 en version électronique, échangeable via une plate-forme SMS. Aujourd'hui, elle est acceptée par 250 commerçants et utilisée par des milliers de résidents.

Poursuivant son développement, la « Brixton Pound » va donc bientôt bénéficier de son propre porte-monnaie mobile, d'abord sur iPhone (dès juillet prochain) puis sur Android (avant la fin de l'été). Cette application permettra alors à ses utilisateurs de gérer leur compte et de payer en mode sans contact, grâce aux « iBeacons » installés dans les boutiques participantes (en réalité, ce ne seront pas les balises d'Apple qui seront proposées mais des modèles compatibles, fournis par Kontakt.io).

Paiement mobile et Brixton Pound

Le mode opératoire retenu pour cette implémentation est relativement original. Plutôt que de rendre l'acte de paiement « automatique », comme l'imagine PayPal, la solution – conçue par la jeune société tchèque Dingo – propose ici un fonctionnement entièrement contrôlé par le consommateur tout en restant extrêmement simple. Ainsi, lorsqu'une balise est détectée dans le voisinage du téléphone, un raccourci s'affiche automatiquement à l'écran (même si l'appareil est verrouillé), qu'il suffit d'activer pour valider une transaction.

Les monnaies locales ont d'abord innové en capitalisant sur des valeurs de proximité et l'esprit communautaire, afin d'instaurer une vision différente de l'argent et des échanges commerciaux. Dorénavant, elles se retrouvent en excellente position pour aborder aussi les nouvelles technologies sous un angle nouveau : quoi de plus logique en effet pour la « Brixton Pound » que de déployer un moyen de paiement moderne parfaitement adapté à son principe de promotion du développement local ?

vendredi 20 juin 2014

Les banques luttent pour leur survie

Gartner
La « révolution numérique » a déjà fait un certain nombre de victimes (dans la musique, la presse, le commerce de détail…), la banque fera-t-elle partie des prochaines sur la liste ? C'est en substance la question que pose Kristin Moyer (Gartner) dans un billet de blog qui esquisse aussi quelques pistes de réponses…

Le fait est que – en dépit d'une croyance encore fortement ancrée chez beaucoup de banquiers – le secteur financier n'est plus aujourd'hui la forteresse inaccessible qu'il a longtemps été. Sans aller jusqu'à proclamer comme Kristin Moyer que « n'importe qui peut désormais créer une banque », il devient impossible d'ignorer l'arrivée de nouveaux entrants dans tous les domaines, depuis les paiements (notamment mobiles) jusqu'au crédit (entre particuliers, par exemple). Et ce n'est qu'un début…

Face à ce mouvement de fond, l'une des clés de la transformation est l'impératif d'ouverture pour les banques historiques : elles n'ont d'autre choix que de rompre avec leurs anciens modèles – quitte à prendre le risque de se concurrencer elles-mêmes – afin de rester pertinentes dans un environnement en émergence où les frontières entre les secteurs économiques s'effacent. Le changement est à l'œuvre, à travers la multiplication des apps mobiles ou la mise à disposition d'APIs (comme le fait le Crédit Agricole Store), mais il reste tant à faire…

Ironie de l'histoire, ce sera peut-être par la réglementation, jusqu'alors considérée comme protectrice de leurs prérogatives, que les institutions financières vont découvrir la réalité de cette injonction. En effet, avec des textes tels que la récente révision de la directive européenne sur les services de paiement (PSD2), le partage de données et de services deviendra bientôt une obligation légale. Les établissements ayant déjà pris conscience des enjeux d'ouverture seront naturellement avantagés et sauront mieux profiter des opportunités qui en découlent.

Surtout, ce sont d'autres acteurs qui – forts d'une longue expérience acquise dans leurs métiers d'origine (liés à la finance ou non) – sont prêts à déployer ces nouvelles approches : les Amazon, Google, PayPal… ont plusieurs années d'avance dans la création et la publication d'APIs à destination de développeurs tiers. Ils savent parfaitement profiter de ces initiatives pour cultiver et étoffer leurs écosystèmes et décupler leurs capacités d'innovation. Ils sauront naturellement en décliner les bénéfices dans le domaine financier, en surfant sur les contraintes réglementaires.

Les banques ne peuvent donc résolument pas rester à la traîne. Si elles veulent survivre, elles doivent aussi devenir des pionnières de l'ouverture et permettre à des partenaires externes – tout comme aux utilisateurs internes (en traversant les silos de l'organisation) – d'exploiter leurs services, en toute autonomie. La mise en place d'apps, d'APIs… pourront alors stimuler la créativité et l'innovation, et favoriser ainsi l'émergence des modèles économiques de la finance de demain…

Banque numérique

jeudi 19 juin 2014

BNP Paribas Cardif inaugure son Lab'

BNP Paribas
La mode des « Labs » a déferlé sur le secteur bancaire il y a quelques années, la voilà désormais poindre dans l'assurance. Une des premières compagnies à se lancer, BNP Paribas Cardif inaugurait ainsi cette semaine son nouvel espace dédié à l'innovation, au cœur de son siège social, à Nanterre (en région parisienne).

Avec ses 10 zones thématiques, le Cardif Lab' semble particulièrement impressionnant : la conception et la création d'objets, les modes de travail d'avenir, la robotique au service de l'humain, l'internet des objets… toutes les grandes tendances actuelles sont présentes. Il faut encore ajouter à ce panorama un coin réservé aux partenaires technologiques et les présentations des applications mobiles et des innovations internes de BNP Paribas Cardif, provenant de ses 37 implantations dans le monde.

Parmi ces dernières, on retrouve notamment un produit d'assurance développé en Italie, intégrant un dispositif connecté de surveillance de l'habitation, un calculateur de doublons d'assurance intégré sur le site français de la compagnie (rappelant, en moins riche, l'application Fluo), une solution mobile (française également) de recensement des biens assurés au domicile ou encore l'application britannique « Pay How You Drive » offrant des cadeaux aux automobilistes dont la conduite est prudente (en attendant une future modulation des primes ?).

Cardif Lab'

Pourquoi créer maintenant ce Cardif Lab' ? Comme dans toutes les initiatives du même genre, c'est d'abord le constat de la transformation profonde des métiers – de l'assurance, en l'occurrence – qui suscite une réaction d'urgence. Il devient essentiel pour l'entreprise d'appréhender les technologies et les usages émergents afin de mieux anticiper leurs impacts sur ses activités, ainsi que les opportunités qu'ils font naître. Quoi de mieux pour ce faire qu'un lieu unique où toutes les innovations (plus ou moins) pertinentes sont rassemblées ?

Plus concrètement, l'objectif affiché par BNP Paribas Cardif est prioritairement de propager la culture numérique auprès de ses collaborateurs afin de réussir l'indispensable transition que doit opérer tout le secteur de l'assurance. Le Lab' leur est donc ouvert pour favoriser leur immersion dans les environnements actuels et futurs de leurs clients et partenaires. Ces derniers étant au centre du modèle de distribution indirecte de la compagnie, ils sont également invités à partager leur expérience et échanger directement avec les représentants de l'entreprise.

Petit détail notable, le choix de présenter à la fois des concepts un peu futuristes (ou futiles, selon les avis) – tels que les robots (Nao est décidément le roi des « Labs » français !) – et des réalisations internes (même si elles sont moins disruptives) est particulièrement astucieux pour permettre aux collaborateurs de s'approprier les innovations présentées.

Inversement, terminons sur la question cruciale, qui reste sans réponse dans la communication officielle, à ce jour : qu'a prévu BNP Paribas Cardif pour assurer l'animation de son Lab' dans la durée ? Car, une fois passé l'effet de nouveauté, il faudra bien penser à renouveler les contenus afin d'entretenir la flamme du numérique dans les effectifs de l'entreprise. Et c'est souvent là où le bât blesse…

mercredi 18 juin 2014

SavingGlobal joue la concurrence européenne

SavingGlobal
Vous vous souvenez des promesses de l'Europe bancaire ? L'ouverture à la concurrence, la liberté d'ouvrir un compte où bon vous semble, sans frontières… Vous en avez profité ? Non ? C'est bien ce qui me semblait… Les opportunités sont pourtant bien réelles et SavingGlobal, une jeune pousse allemande, propose désormais de les exploiter, sur le web et en toute simplicité.

Point de départ de la réflexion, les taux d'intérêt sont aujourd'hui très bas dans de nombreux pays : chez nos voisins d'outre-Rhin, en particulier, la rémunération de l'épargne est typiquement de l'ordre de 0,6% (au-dessous même de l'inflation). En revanche, ils sont sensiblement plus élevés dans d'autres régions, atteignant par exemple plus de 3% en Bulgarie. Il suffirait alors d'ouvrir un compte à Sofia – en toute légalité – pour en profiter. Mais, naturellement, personne ne prend la peine de le faire.

Le pari de SavingGlobal est que, en présentant son offre sous une forme simple, sur une plate-forme en ligne, cet immobilisme peut aisément être vaincu. Le service – disponible aujourd'hui uniquement en Allemagne, sous le nom de WeltSparen – propose donc aux consommateurs de placer leurs économies sur un compte d'épargne de leur choix, dans une des banques bulgares, norvégiennes, portugaises… avec lesquelles la société a un accord de distribution, et de bénéficier ainsi d'une rémunération attractive (actuellement jusqu'à 3,3% pour un dépôt à terme à 3 ans).

Page d'accueil WeltSparen

Afin de convaincre les épargnants sceptiques, SavingGlobal met les bouchées doubles : non seulement ses produits sont-ils accessibles très facilement – tout est unifié et centralisé sur son site web – mais elle intègre également une garantie sur les dépôts, jusqu'à 100 000 euros. Élément de réassurance supplémentaire, elle est elle-même adossée à un établissement accrédité (MHB Bank). Sa proposition de valeur aux banques étrangères partenaires est tout aussi alléchante, puisqu'elle leur donne instantanément accès à un nouveau marché, sans effort.

A défaut d'initiatives des institutions financières traditionnelles, c'est donc (encore !) grâce à une startup que les consommateurs allemands peuvent enfin goûter aux joies de la concurrence bancaire européenne. Et, si les projets d'extension géographique de SavingGlobal se concrétisent, leurs homologues d'autres pays pourraient bientôt les rejoindre, permettant au passage d'équilibrer à long terme le modèle économique de la société (dans l'hypothèse où les tendances sur les taux se retourneraient).

WeltSparen en Europe

mardi 17 juin 2014

Fluo éclaire les assurances de cartes bancaires

Fluo
Vous savez certainement que les achats réalisés avec votre carte bancaire vous font automatiquement bénéficier d'une assurance. Mais connaissez-vous réellement les garanties incluses et autres conditions applicables ? Si, comme une majorité de français, vous répondez « non », la nouvelle application Fluo est faite pour vous.

Accessible exclusivement sur smartphone (iPhone actuellement, Android bientôt), le service qu'elle propose est simple et efficace : après avoir enregistré les cartes dont vous disposez (il suffit de sélectionner la banque émettrice et le type de carte, parmi les 130 choix proposés), vous obtenez un aperçu clair et détaillé des couvertures disponibles dans 3 catégories : location de véhicule, voyage et activité de montagne. Une quatrième rubrique (« protection des achats ») est prévue mais ne semble pas encore active.

Au-delà de cette seule information, complétée des numéros de contact importants mais dont la valeur reste tout de même limitée pour la plupart des cartes (aux avantages réduits), l'application offre également une comparaison avec les assurances commercialisées par quelques acteurs spécialisés (par exemple Opodo et EasyJet pour le voyage ou Ada et Hetz pour la location automobile). L'utilisateur peut ainsi, d'un seul coup d'œil, déterminer s'il a intérêt à souscrire ou non, en parfaite connaissance de cause.

A défaut, un contrat spécifique « Fluo » lui est aussi proposé (à ce jour seulement pour le voyage et prochainement pour la location de voitures), dont la promesse est d'apporter uniquement les prestations manquantes, au meilleur prix. Dans ce cas, le processus d'adhésion se déroule intégralement sur le téléphone (et une fois le compte du mobinaute créé, la première fois, il devrait devenir quasiment instantané). Bien entendu, la prise d'effet de la garantie pourra alors être immédiate.

Fluo sur iPhone

Alors que les assurances intégrées avec les cartes bancaires devraient constituer un argument de vente pour les institutions financières, elles sont finalement bien peu mises en avant (consultez votre application de banque mobile pour le vérifier…). C'est donc, sans grande surprise, une startup qui vient une fois encore profiter de cette opportunité, en renversant intelligemment le modèle à son profit (via les lacunes des offres). Or, même ce concept « dérivé » pourrait en fait être adopté par un bancassureur astucieux…

En attendant, Fluo comble un vide certain puisque, selon une enquête que l'entreprise a elle-même commanditée, 88% des consommateurs interrogés seraient intéressés par son service. Et elle le fait de belle manière : application mobile uniquement, simplicité d'utilisation et immédiateté, intrusion minimale (au niveau des informations collectées), valeur ajoutée perceptible (en termes d'économies générées, notamment)… le tout avec un modèle économique, sur la distribution d'assurances complémentaires.

lundi 16 juin 2014

Touch ID : Apple ouvre la boîte de Pandore

Ce fut l'une des annonces phares de l'édition 2014 de la conférence développeurs d'Apple : un an après son apparition sur l'iPhone 5s, le dispositif d'authentification par empreinte digitale « Touch ID », jusque-là réservé au déverrouillage du téléphone et aux achats intégrés, sera désormais ouvert aux applications tierces.

Presque aussitôt après la présentation, la machine à rumeurs se mettait en route, donnant PayPal comme l'un des premiers acteurs du secteur financier prêts à adopter la technologie. Depuis, aucune confirmation n'est arrivée mais, entre temps, quelques banques ont commencé à lever le voile sur leurs intentions. Parmi elles, selon la revue American Banker, Tangerine Bank (ex ING Direct Canada) aurait démarré ses développements tandis que City Bank Texas envisagerait un déploiement autant auprès de ses collaborateurs que de ses clients.

Il faut avouer que l'utilisation de « Touch ID » en remplacement des traditionnels identifiants et mots de passe de la banque mobile est une proposition tentante pour les institutions financières. Finies les pénibles saisies de texte sur le clavier, il suffirait de passer son doigt sur le lecteur pour accéder à ses comptes. Et la promesse de simplicité et de sécurité de la biométrie deviendrait ainsi une réalité quasiment immédiate pour les millions de propriétaires d'appareils compatibles (l'iPhone 5s pour le moment et peut-être l'iPhone 6, s'il arrive en septembre)…

Pour autant, une banque osera-t-elle réellement se lancer dans l'aventure ? En dépit de ses incontestables avantages pour l'expérience utilisateur, il ne faut en effet pas perdre de vue les incertitudes qui planent encore sur la solution d'Apple. Sans revenir sur la possibilité d'abuser le lecteur avec des empreintes « fabriquées » (qui est tout de même loin d'être à la portée du premier venu), il n'en reste pas moins que la sécurité d'ensemble du dispositif n'a pas, jusqu'à maintenant, été testée en profondeur.


Il est finalement assez incongru que des institutions financières soient apparemment tentées de faire confiance à Apple, jusqu'à lui confier la sécurité de leurs applications, alors qu'elles ont toujours été promptes à rejeter toute hypothèse d'utilisation des mécanismes d'authentification partagés de Facebook et autres Google, qui sont pourtant largement plus éprouvés. Il est vrai que la perception des consommateurs n'est pas la même (la firme à la pomme jouissant d'une légitimité « automatique ») et il faut bien répondre à leurs attentes…

Et si une faille (comme celle du début d'année) venait à être découverte, quel serait le recours des victimes, incapables de changer leur empreinte digitale comme un simple mot de passe ? Je me permettrais donc de suggérer aux entreprises qui envisagent d'exploiter « Touch ID » dans leurs applications de prendre quelques précautions minimales : en réserver l'usage à des fonctions peu critiques ou prévoir une option de désactivation pour l'utilisateur final ainsi qu'un mécanisme de neutralisation global, qu'un administrateur pourrait déclencher à distance en cas de crise grave. En espérant qu'il reste inutile…

dimanche 15 juin 2014

Le Crédit Coopératif sur tous les fronts du crowdfunding

Crédit Coopératif
Le Crédit Coopératif était déjà partenaire historique de Babyloan et de SPEAR. La première « Fête du Crowdfunding » – organisée le mois dernier, avec son soutien actif – lui donnait l'occasion de présenter ses dernières initiatives en matière de finance participative. Le moins qu'on puisse dire est que son engagement ne se dément pas…

La banque, membre du groupe BPCE, a en effet annoncé [PDF] de nouveaux partenariats avec 3 plates-formes, aux formats et aux objectifs variés. La première est Afexios, dont le modèle est celui de l'investissement en capital par les particuliers. La deuxième est Arizuka, opérant sur un principe de dons avec contrepartie et destinée spécifiquement aux associations et autres acteurs de la solidarité, de l'innovation sociale et du développement durable. La dernière est CapSens, dernier avatar de SPEAR, qui permet aux organismes intéressés de créer leur propre site de crowdfunding.

Dans tous ces cas, l'objectif du Crédit Coopératif est très concret. Il s'agit de fournir, ou a minima de promouvoir, ces différentes options de financement auprès de ses clients, qui sont principalement des associations, notamment dans les secteurs de l'économie responsable. Et, avec les nouveaux accords signés, ce sont donc toutes les approches de la finance participative qui sont désormais couverts : investissement en capital (Afexios), crédit rémunéré (SPEAR) et dons (Arizuka).

Fête du crowdfunding

Enfin, la banque s'apprête également à lancer – ce mois-ci – sa propre plate-forme, Agir&Co, conçue avec MyMajorCompany. Celle-ci reposera (elle aussi) sur un mécanisme de dons avec contrepartie et elle proposera à tous les internautes d'apporter leur contribution aux projets (« responsables ») sélectionnés par l'établissement. Dans ce cas, l'ambition du Crédit Coopératif est probablement de se faire mieux connaître des consommateurs, qui ne représentent à ce jour qu'une petite partie de son activité.

Contrairement aux initiatives de certaines de ses consœurs, qui tiennent souvent de l'opération de communication, l'engagement opérationnel et répété de la banque trouve ici une logique certaine, tenant à la proximité de ses valeurs (de coopérative, mais aussi sociales et solidaires) avec celles des acteurs de la finance participative, et plus particulièrement ceux avec qui elle s'associe. Comme le signale Jean-Louis Bancel, président du Crédit Coopératif, l'enjeu est celui de la diversité des instruments de financement, indispensable pour le développement de l'économie.

samedi 14 juin 2014

Banque Accord veut innover avec ses clients

Banque Accord
Dans les discours, les banques s'affirment toutes volontaristes en matière d'innovation, de préférence en impliquant leurs clients dans leurs démarches. Dans les faits, les vraies initiatives de co-création restent pourtant extrêmement rares…

Face aux grands établissements historiques, Banque Accord crée donc la surprise avec son programme « Innovez avec nous ! ». Son principe est relativement classique puisque, à travers un site web dédié, il expose des idées de nouveaux produits et services aux visiteurs (qu'ils soient clients ou non), en leur demandant leur avis et leurs suggestions d'amélioration, mais également en leur proposant de les tester en conditions réelles.

Cette approche pragmatique constitue une différence importante par rapport aux traditionnelles « boîte à idées », plus ou moins acclimatées à la mode internet et dont les résultats sont généralement décevants. Ici, la banque met en avant les concepts qu'elle a elle-même imaginés, ce qui tend à réduire la part de créativité que peuvent introduire les internautes mais permet aussi de susciter plus facilement des réactions vis-à-vis de prototypes directement utilisables.

Logiquement, le nombre d'innovations présentées sur le site est assez limité. Actuellement au nombre de 3 (une quatrième est annoncée pour bientôt), elles couvrent cependant des domaines variés. Ainsi, la plus populaire à ce jour cible la sécurité des cartes de paiement, en proposant un système d'alertes (avec diverses options de filtrage, par montant, par marchand…) lors des achats réalisés sur le web. L'idée n'est pas entièrement nouvelle mais elle est inédite en France (à ma connaissance)…

Innovez avec nous (Banque Accord)

Les deux autres concernent le commerce – avec une solution qui informe l'utilisateur lorsque les produits qu'il a préalablement enregistrés sur sa liste de souhaits sont en soldes ou en promotion dans l'une des enseignes affiliées à Banque Accord – et la communication avec le conseiller – à travers une implémentation de l'outil de messagerie Instaply, permettant des échanges de messages courts – via le web et les applications mobiles – dont l'historique est conservé en permanence.

En l'état, il semble que l'opération « Innovez avec nous ! » soit éphémère (à moins qu'elle ne soit qu'expérimentale). En effet, les internautes seront appelés à choisir leur concept préféré en septembre, pour une mise en œuvre finale dans le courant de 2015 (quelle perte de temps, soit dit en passant !). Signe encourageant, un mois après le démarrage, plusieurs milliers de visiteurs ont déjà consulté les idées proposées, bien que les participations actives (avis et commentaires) soient encore timides…

La campagne de Banque Accord peut être perçue comme modeste, elle a au moins le mérite de positionner ses ambitions à un niveau réaliste, susceptible d'aboutir à des résultats tangibles, autant pour l'innovation elle-même que pour l'impact (marketing) sur les consommateurs. Là est probablement le principal enseignement à en tirer : dans un secteur où il est souvent difficile d'amener le changement, mieux vaut avancer à petits pas concrets que de lancer des initiatives géantes mais creuses.

vendredi 13 juin 2014

BizEquity, valorisation des PME à la demande

Après l'évaluation du profil des consommateurs, l'analyse des données commence progressivement à s'intéresser aux entreprises. Une jeune pousse américaine, BizEquity, propose ainsi un service de valorisation de PME en temps réel. Et il est jugé suffisamment sérieux pour être en cours d'adoption par une (petite) banque.

Que ce soit en vue d'une cession ou d'une fusion, qu'il s'agisse d'un projet d'entrée en bourse ou encore par simple curiosité, quand les actionnaires d'une petite société veulent faire estimer sa valeur, ils vont devoir prévoir un budget conséquent (entre 3 0000 et 35 000 dollars, selon le niveau de détail souhaité) et attendre de longues semaines pour obtenir un résultat. Avec BizEquity, la réponse, fournie sous la forme d'un dossier étayé et argumenté, arrive en quelques minutes, pour une fraction du coût.

Les algorithmes que met en œuvre la startup sont calqués sur les pratiques des professionnels. Basés principalement sur le secteur d'activité et les bilans et comptes de résultat des entreprises, ils prennent aussi en considération quelques paramètres plus subjectifs (par exemple les velléités de départ d'un dirigeant ou l'intention de l'estimation demandée) ainsi que les biais introduits par les habitudes spécifiques à certains domaines et, pour la valorisation elle-même, les transactions constatées sur le marché. En tout, ce sont 63 métriques – quantitatives et qualitatives – qui sont intégrées dans les calculs.

BizEquity

Le service est proposé directement aux entrepreneurs sur le site de BizEquity mais il est également commercialisé auprès des institutions financières. L'une des premières à l'adopter est un petit établissement communautaire américain, Fox Chase Bank. Étant régulièrement impliquée dans le financement de fusions et acquisitions, la banque compte bénéficier de cette intégration en en tirant une meilleure visibilité sur la valeur réelle des entreprises dont elle gère les comptes.

Pour ces dernières, l'accès à la valorisation constituera un avantage immédiat, facteur de fidélisation, d'autant plus que, dans leur cas, une bonne partie des éléments à fournir pour une estimation sont détenus par la banque et n'ont donc pas à être saisis à nouveau (ce qui leur permet de gagner un temps précieux dans le processus). De plus, elles pourront aussi profiter de cette référence commune pour être « automatiquement » traitées plus équitablement dans leurs demandes de crédit.

Il y a quelques mois, la jeune pousse britannique Growth Intelligence démontrait une première manière d'exploiter les données publiquement disponibles pour apporter un nouveau service autour de la connaissance des entreprises. Avec une approche très différente mais aussi efficace, BizEquity se positionne maintenant sur un créneau similaire. Et la tendance intéresse fortement les institutions financières, souvent mal armées pour établir objectivement une évaluation du risque que représentent les PME, ce qui les conduit souvent à rejeter leurs demandes de crédit, par excès de prudence…

jeudi 12 juin 2014

La banque qui vous alerte en cas d'erreur

Capital One
Chaque année, erreurs diverses et autres oublis génèrent des millions de transactions indues dans les comptes des consommateurs. Sachant que, parmi ces derniers, 2 sur 3 ne surveillent pas leurs relevés en détail, les anomalies passent souvent inaperçues. La banque américaine Capital One a donc décidé de prendre le taureau par les cornes…

Actuellement en test auprès d'une sélection de porteurs de cartes de crédit de la marque, « Second Look » est conçu pour repérer 3 types d'irrégularités possibles : les transactions imputées deux fois (même montant le même jour chez le même commerçant), les augmentations de montant inattendues sur les paiements récurrents et quelques cas de renouvellements automatiques d'abonnement (notamment lorsqu'une période d'essai gratuite se termine et que la facturation du service commence).

Ces transactions potentiellement suspectes ou simplement irritantes font l'objet d'une alerte spécifique (par courrier électronique), accompagnée d'instructions claires pour le cas où le client souhaite émettre une réclamation, auprès de Capital One ou directement auprès du marchand incriminé. Au cours d'une expérience pilote, il a déjà pu être observé que les opérations signalées généraient 3 fois plus de demandes d'explications de la part des fournisseurs (plus d'un consommateur sur quatre prend contact).

We've got your back!

Capital One promet une généralisation prochaine du dispositif à l'ensemble de la clientèle de ses différentes gammes de cartes de crédit, sans frais et sans abonnement spécifique. En attendant, la banque veut continuer à faire évoluer « Second Look », en particulier en appliquant son principe à d'autres types d'« anomalies ». Pour ce faire, elle sollicite les idées des consommateurs (« qu'est-ce qui mérite une vérification ? »), dans une (encore très timide) approche d'innovation ouverte.

Cette idée de contrôle des transactions dans les relevés ne manquera pas de rappeler – même si l'implémentation est probablement différente – le concept à l'origine de la startup BillGuard. L'immense succès que connaît le service de cette dernière montre qu'il existe une forte demande. Il est donc logique que les institutions financières la prennent en compte : après tout, si elles tiennent à garder la confiance de leurs clients (constituant la base d'une relation bancaire), elles n'ont pas le choix…

mercredi 11 juin 2014

Fintech Sandbox, un accélérateur original

Fidelity
S'il faut en croire le nombre de startups qui se créent dans le monde entier, le secteur financier semble proche de vivre sa révolution numérique. Alors, les structures d'accueil – incubateurs et autres accélérateurs – sont toujours plus nombreuses pour les accompagner et, le cas échéant, profiter des retombées de leurs éventuels succès.

Dans un tel contexte, la « FinTech Sandbox » que s'apprêtent à lancer conjointement Fidelity Investments, Thomson Reuters, Amazon et quelques autres pourrait n'apparaître que comme une organisation opportuniste de plus. Dans les faits, son approche s'avère différente de celles dont on a l'habitude jusqu'à maintenant, et pas uniquement par le fait qu'elle est constituée en association à but non lucratif.

Sa véritable originalité est de focaliser ses efforts sur la mise à disposition de sources de données. En effet, dans bien des cas, les jeunes pousses de la finance sont lourdement handicapées par la rareté ou le coût de l'information constituant leur matière première. Concrètement, lorsqu'elles parviennent à lever des fonds, elles vont en dépenser une grande partie afin d'obtenir les flux de marché (par exemple) qui leur permettront de valider leur proposition de valeur et de convaincre leurs prospects.

A toutes celles-là, la « FinTech Sandbox » veut donc offrir (gratuitement ou à prix réduit, et via le cloud d'Amazon) les données – dont ses membres fondateurs sont justement détenteurs – qui leurs sont indispensables pour construire et perfectionner leurs applications : valeurs et cours de bourse, historiques de transactions (anonymisées)… De plus, le modèle proposé n'est pas exclusif et les startups participant à d'autres programmes (plus classiques) sont bienvenues.

En réalité, au-delà de son apport de capital en données (si j'ose dire), le dispositif n'a pas vocation à accompagner les jeunes pousses participantes au sens classique d'un accélérateur. Ainsi, même s'il est prévu qu'il inclue (éventuellement) des espaces de travail (optionnels) et qu'il organise quelques rencontres et autres sessions de formation (le tout à Boston), il a vocation à opérer en mode virtuel, ce qui, incidemment, lui permettra aussi d'« accueillir » des entrepreneurs du monde entier.

Dans un secteur dont l'essence même touche à l'information, les idées peuvent rapidement avorter – et les opportunités se perdre – si leurs auteurs n'y ont pas accès. Lorsqu'elles ont créé leurs propres structures d'incubation, quelques institutions financières ont déjà compris qu'elles disposaient là d'une arme de séduction massive. Désormais, avec la « FinTech Sandbox », les données se trouvent au cœur du modèle d'accélération, tout comme elles sont déjà au cœur de l'innovation…

Données !

mardi 10 juin 2014

AT&T : Big Brother pour la bonne cause ?

AT&T
L'idée n'est pas neuve : avec, d'un côté, des moyens de paiement victimes de fraude galopante et, de l'autre, un téléphone mobile dans la poche de chaque consommateur, localiser le second lors d'une transaction pour protéger le premier devient une évidence. Or, quand un opérateur s'empare de l'idée, elle prend une nouvelle dimension…

En l'occurrence, c'est le géant américain AT&T qui passe à l'offensive avec une offre baptisée « Location Information Services » (LIS), dont un des nombreux cas d'usage qu'elle cible, et pour lequel un pilote sera lancé cet été, est celui de la lutte contre la fraude, dans les institutions financières. En synthèse, le principe de fonctionnement imaginé consisterait à vérifier que la localisation du téléphone du porteur de la carte bancaire correspond bien au lieu du paiement en cours de traitement.

Rien d'exceptionnel jusque-là, il existe déjà des solutions fournissant ce genre de service. Celle d'AT&T se distingue surtout son universalité, puisqu'elle couvre tous les appareils (smartphones et téléphones basiques), inscrits sur (presque) tous les réseaux, et qu'elle fonctionne dans plus de 150 pays, sans requérir la moindre installation d'application, sans impact sur l'autonomie ou sur le forfait… En fait, elle est totalement transparente : il suffit de connaître son numéro de mobile pour localiser un individu n'importe où dans le monde !

AT&T Location Information Services

L'accès même aux fonctions offertes est d'une simplicité quasi-enfantine. Qualifiée de « Location as a Service », la solution consiste en un ensemble d'« APIs » (interfaces de programmation applicative) permettant d'intégrer l'accès à la localisation d'un téléphone en quelques lignes de code, dans n'importe quel logiciel. Heureusement, AT&T a prévu des barrières aux abus possibles : la légitimité de l'usage envisagé est contrôlée avant ouverture et l'accord du consommateur est explicitement demandé avant de pouvoir exploiter sa position. Mais sera-ce suffisant pour rassurer et pour éviter des dérives ?

Toujours à la poursuite de nouvelles sources de revenus, les opérateurs de télécommunication – dont les aventures dans le paiement mobile n'ont pas donné de grands résultats (au moins dans les pays occidentaux) – reviennent désormais sur leur cœur de métier pour développer des offres originales susceptibles de séduire les entreprises, en particulier dans le secteur financier. Cependant, leur marge de manœuvre est étroite, car leurs clients finaux pourraient bien se rebeller contre des pratiques qui deviennent singulièrement intrusives…

AT&T Location Information Services

lundi 9 juin 2014

Les jeunes prêts pour la banque sans banque

Enquête Banque Accenture
En dépit de l'explosion des usages numériques chez leurs clients, les banques « traditionnelles » persistent à penser que la relation humaine avec un conseiller reste primordiale pour eux. Une enquête réalisée par Accenture auprès de presque 4 000 américains montre pourtant une indéniable évolution des comportements…

Certes, l'étude concerne exclusivement l'Amérique du Nord (70% des répondants étaient basés aux États-Unis et 30% au Canada) et, oui, les français semblent particulièrement conservateurs vis-à-vis de leurs finances personnelles. Cependant, le mouvement observé là-bas est le même dans tous les pays du monde, il va simplement prendre plus ou moins de temps à s'imposer selon les lieux : les consommateurs sont toujours plus nombreux à se sentir prêts à passer à la banque sans agence.

Le chiffre brut peut laisser indifférent : globalement, 27% des personnes interrogées affirment que, si elles devaient changer d'établissement, elles seraient susceptibles de choisir une banque 100% en ligne. Mais, à y regarder de plus près, ce taux monte à 39% chez les moins de 35 ans. Les nouvelles générations sont donc en train de s'accoutumer aux interactions à distance. Et s'il faut en croire l'histoire, ils ne représentent que l'avant-garde d'une tendance qui gagnera progressivement les autres classes d'âge.

Un détail intéressant de ce sondage est qu'il explique (au moins en partie) les motivations de ce désamour pour l'agence. En effet, lorsqu'il leur est demandé de qualifier leur relation avec leur banque, la réponse est édifiante : moins d'1 personne sur 3 (29%) estime qu'elle leur apporte des conseils améliorant réellement leur bien-être financier, tandis que les autres ne voient guère plus dans leur rapport à leur teneur de compte que des transactions banales (virements, paiement de factures…).

Enquête Banque Accenture

Ne nous trompons pas, ce n'est pas l'intérêt des clients pour un conseil de qualité qui est en cause. Au contraire, ils sont très demandeurs, notamment les jeunes. Ainsi, plus de la moitié des moins de 35 ans seraient prêts à signaler à leur banque leur intention d'acheter une voiture ou un appartement afin d'obtenir des recommandations, non seulement sur les crédits disponibles, mais également sur leur projet global. Leur appétence est tout aussi élevée pour des produits et services financiers qui prennent en considération leur situation personnelle.

C'est donc un besoin non satisfait qui peut les conduire à changer leurs habitudes. Or, dans ce registre, ils sont prêts à aller loin pour trouver leur bonheur : près de la moitié des consommateurs – et plus de 7 jeunes sur 10 – pourraient envisager de confier leur argent à des acteurs non bancaires, s'ils offraient des services financiers. Square (50%) et PayPal (41%) sont les plus plébiscités mais les géants technologique (Apple, Google, Amazon) ne sont pas loin derrière, tout comme les opérateurs de télécommunication.

Les banques à réseau répètent à l'envie que leurs clients resteront fidèles à leur agence parce qu'ils ont besoin de conseil. Peut-être ont-elles raison, mais la réalité est qu'elles ne sont visiblement pas en mesure de répondre aux attentes exprimées, qui évoluent elles-mêmes, par exemple vers toujours plus de personnalisation. A défaut d'y parvenir, la menace qui plane sur les institutions financières d'être rendues obsolètes par les nouveaux entrants devient de plus en plus sérieuse…

dimanche 8 juin 2014

Non, il ne faut pas apprendre à coder à l'école

Développeur
A l'origine, cette petite histoire commence par un article de « Insurance & Technology », abordant un des grands problèmes auxquels font face tous les acteurs des services financiers (et pas uniquement les compagnies d'assurance) : comment constituer et conserver une équipe informatique de haut vol ? Puis elle dérive…

Aujourd'hui, la prospérité des entreprises – voire, dans certains cas, leur survie – dépend de plus en plus de leur capacité à produire des solutions logicielles de qualité, sachant répondre aux attentes des clients ou, mieux encore, les anticiper. Pour ce faire, il est indispensable de rassembler et fidéliser les talents les plus brillants dans le domaine. Hélas, la concurrence est rude et les rares candidats préfèrent travailler pour Google, Facebook, ou même leur propre startup, plutôt que pour une banque ou un assureur.

Alors, face à l'inéluctable « digitalisation » du monde, des voix s'élèvent depuis quelques mois et réclament que la programmation informatique soit enseignée à tous, dès le plus jeune âge. Leur logique semble imparable : les logiciels étant désormais omniprésents dans notre environnement quotidien et dans toutes les activités économiques, il faut que nos enfants en maîtrisent toutes les subtilités pour rester « dans la course » (et, incidemment, espérer trouver un emploi un jour).

Malheureusement, ce raisonnement est faux et ignore les réalités. Il suffit en effet de regarder de près les effectifs des grandes entreprises – et plus particulièrement les institutions financières qui font partie des plus consommatrices de technologies numériques – pour se rendre compte que la programmation n'y est résolument pas un métier d'avenir. La vérité est crue : ce n'est jamais son code qui rend une application brillante, sa valeur réside toujours dans sa conception.

Dans la plupart des organisations, comme le souligne notamment le DSI d'USAA dans l'article cité en introduction, les jeunes recrues qui commencent par le développement logiciel évoluent rapidement vers d'autres fonctions. De plus en plus, l'écriture du code est externalisée, voire délocalisée, et elle sera, dans un avenir plus ou moins proche, confiée à des automates capables de transformer une idée correctement formalisée en une application opérationnelle (et peut-être sans anomalie ?).

Que deviendront alors les compétences acquises à l'école primaire ? Un bagage inutile… Il serait fantaisiste de croire que l'apprentissage de la programmation est indispensable pour concevoir les succès de demain. Et c'est pourquoi je doute de la pertinence « intrinsèque » d'une initiative telle que l'École 42. Les porteurs de projets pourront apprendre à concrétiser leurs idées grâce à ce type de cursus mais l'inverse ne sera jamais vrai et les « simples » codeurs vont vers d'immenses déconvenues.

Bien sûr, l'enseignement doit s'adapter à l'évolution du monde contemporain. Mais il pourrait être extrêmement dangereux de se précipiter dans une impasse, sous l'effet d'une mode passagère. Ce sont probablement la créativité et la capacité à formaliser des idées qui seront nécessaires aux futurs génies (et autres travailleurs) de l'entreprise numérique, pas la connaissance des bases de la programmation, même si ma prédiction d'une automatisation du codage ne se réalise pas de sitôt.

Code