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C'est pas mon idée !

samedi 26 août 2017

Une maquette pour comprendre la banque

Rabobank
Dans nombre de grands groupes financiers, les Cassandre de l'informatique ont beau alerter leur direction générale sur le danger que représente la complexité sans cesse croissante de leurs systèmes, l'urgence de la situation n'est pas pleinement comprise. Rabobank a imaginé une solution percutante pour capter l'attention des décideurs.

La banque néerlandaise est loin d'être un cas isolé. Comme la quasi totalité de ses consœurs dans le monde, elle s'est bâtie progressivement par une série d'acquisitions, chacune introduisant de nouvelles manières de travailler, avec les composants technologiques correspondant. Parfois, un effort de consolidation est entrepris de manière à rationaliser l'ensemble et converger vers une cible optimale. Plus souvent, les briques historiques s'accumulent et s'intègrent tant bien que mal les unes avec les autres.

Le résultat est un bric-à-brac inextricable dont nul n'est en mesure de maîtriser entièrement les tenants et aboutissants. Les « architectes d'entreprise » les plus lucides perçoivent bien les redondances, les inefficacités, les dépendances excessives… qui fragilisent l'édifice mais ils sont généralement mal armés pour matérialiser le problème de son ensemble et plus encore pour communiquer le sentiment de panique qu'ils peuvent ressentir et, partant, la nécessité impérieuse de procéder à une remise à plat.

Dans cette optique, une équipe de la branche WRR (« wholesale, rural and retail ») de Rabobank a décidé de construire une représentation en 3 dimensions de son système d'information. Celle-ci montre « simplement » les interactions entre les activités de la banque (apparaissant à la surface de la maquette) et les différents composants techniques existants dans les « soutes » de la DSI. La visualisation de l'enchevêtrement de connexions donne immédiatement un sens concret à l'idée de complexité !

Modèle d'architecture de Rabobank

Outre ses vertus pédagogiques étendues, l'exercice mené par Rabobank apporte également des bénéfices opérationnels. Les 3 mois de collecte d'informations ayant abouti à la création du modèle illustrent, en particulier, une lacune commune à une majorité de grandes entreprises : elles ne disposent d'aucune vision d'ensemble de leur socle technologique et se contentent de cartographies partielles et hétérogènes, rarement actualisées et donc obsolètes, limitant fortement leur capacité de transformation.

Il est en effet difficile dans ses conditions de préparer et mettre en œuvre une stratégie. Comment, par exemple, envisager le remplacement d'un élément quand on ne peut savoir avec certitude comment il s'inscrit dans le paysage global ni où, comment et par qui il est utilisé… ? Autre perspective, le simple fait de procéder à un état des lieux, et d'autant plus avec une représentation facile à appréhender, permet d'identifier très rapidement des aberrations historiques et, par conséquent, des pistes d'amélioration.

Chez Rabobank, la démarche porte ses fruits, au point de susciter des développements complémentaires. Pour enrichir l'expérience (et la rendre plus dynamique, peut-être ?), la banque a également conçu une version en réalité virtuelle de sa maquette. Elle a en outre assemblé le modèle de son architecture cible, qui devrait grandement simplifier la justification de son programme de rationalisation auprès des dirigeants, en montrant de manière graphique et palpable les gains à espérer d'un tel chantier.

Beaucoup trop de responsables vivent dans le déni face à l'extrême fragilité qui menace les fondations informatiques des institutions financières, tant que ne survient pas une catastrophe (et encore, cela ne suffit pas toujours). Dans ce contexte, l'éveil à la réalité et la prise de conscience de la situation actuelle deviennent des enjeux critiques. Seule une approche pragmatique comme celle de Rabobank est susceptible de provoquer le choc indispensable pour les stimuler. Elle constitue ainsi une inspiration pour tous.

1 commentaire:

  1. Constat tellement vrai et qui ne date pas d'aujourd'hui. En 2001, j'ai réalisé une étude pour une grande banque française afin de rapatrier les fonctions monétiques internationales en interne. C'était la 7ème étude du genre, les autres s'étant intéressées à d'autres fonctionnalités monétiques. Toutes ces études ont abouti à un investissement compris entre 10 et 14 millions de francs... parce que toutes nécessitaient de faire évoluer le système central dont l'architecture, l'organisation et les composants étaient incompatibles avec les fonctionnalités à intégrer... Toutes ont été rejetées parce que trop chères. Alors qu'une volonté réelle et opérationnelle et de bon sens aurait suffi pour mettre sur la table la seule décision qui s'imposait : refonte du système central, puis intégration des fonctionnalités extérieures... mais de ressources décisionnelles, volontaires, opérationnelles et de bon sens, cette banque n'en était pas dotée

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