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C'est pas mon idée !

lundi 11 septembre 2017

L'IA favoriserait donc l'emploi ?

Robot
L'intelligence artificielle s'apprête à s'installer dans nos vies et dans nos entreprises, déclenchant toutes sortes de fantasmes, notamment autour de son impact sur l'avenir du travail. Alors quand CapGemini publie une étude à contre-courant, elle vaut de s'y attarder. Hélas, ses conclusions sont entachées de deux erreurs tragiques.

Sur la base d'une vaste enquête auprès de presque 1 000 dirigeants de grandes entreprises du monde entier déployant des projets en lien avec l'intelligence artificielle, le cabinet de conseil se veut rassurant. En effet, presque tous tendent à confirmer l'hypothèse que la technologie ne remplace pas l'humain mais vient en fait à son aide dans ses tâches et fait ainsi émerger le fameux concept de collaborateur augmenté.

Concrètement, 63% des organisations représentées dans l'échantillon n'ont connu aucun effet négatif sur l'emploi et, a contrario, plus de 4 sur 5 (83%) ont observé la création de nouveaux rôles à la suite de l'introduction de l'intelligence artificielle. Détail qui devrait mettre la puce à l'oreille mais est perçu essentiellement comme un progrès par les auteurs du rapport, ces ajouts concernent presque exclusivement des postes de coordinateurs, de managers, de directeurs… contre seulement 15% d'opérationnels.

Face à cette position un peu béate, quelques commentateurs ont tout de même souligné la première faille du travail de CapGemini : même si le bilan net sur les effectifs est positif, il est extrêmement probable que les emplois additionnels s'accompagnent de réductions dans certains domaines. La formation et la reconversion des collaborateurs à de nouvelles activités peut être une réponse aux bouleversements en cours mais on peut douter qu'elle soit aussi généralisée que ne le laissent croire les théoriciens.

La seconde faute de l'étude est plus insidieuse et tient à une gigantesque confusion, soigneusement entretenue par toutes les parties prenantes, sur ce qu'englobe effectivement la notion d'intelligence artificielle. Car en acceptant, comme il est résumé dans l'introduction du document, qu'elle intègre les « chatbots » et l'analyse de sentiment (souvent basés sur des moteurs de règles), la reconnaissance vocale et autres interactions en langage naturel…, le raisonnement proposé s'applique principalement aux technologies de portée limitée qui sont les plus fréquemment rencontrées aujourd'hui.

Ce ne sont pas évidemment celles-là qui vont menacer les emplois dans l'entreprise, puisqu'elles ne sont destinées qu'à prendre en charge des fonctions basiques ou en appui (marginal) aux tâches existantes. Dans ces conditions, bien sûr, les salariés n'ont aucune raison de s'inquiéter, il leur suffira pour s'adapter de savoir utiliser des outils plus modernes. Mais la prochaine génération – la véritable intelligence artificielle, auto-apprenante, raisonnante, voire sensible, et aux compétences étendues – arrive bientôt.

Quand elle s'installera dans l'entreprise, dans 5 ans ou dans 10 ans, il reste fort probable que le choc sera considérable. Il me semble donc indispensable de le préparer au plus tôt, dans les organisations (en particulier dans les directions des ressources humaines) et dans la société en général. Ce n'est certainement pas en maintenant un optimisme lénifiant basé sur une décontextualisation des faits (dont CapGemini n'est d'ailleurs pas le seul coupable) que le risque disparaîtra ni que des solutions seront trouvées…

Étude CapGemini sur l'IA

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