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C'est pas mon idée !

lundi 15 avril 2024

Faura : identifier les risques naturels… et agir

Faura
Face à la croissance inexorable des catastrophes naturelles, aux États-Unis ou elle opère comme partout dans le monde, Faura n'est certes pas la première à proposer des outils de diagnostic pour les habitations. En revanche, elle s'avère plus originale dans son approche proactive de la protection contre les risques identifiés.

Dans son principe, le fonctionnement de la solution ne surprendra plus. Toute personne désireuse d'en savoir plus sur les dangers qu'encourt sa résidence sur deux catégories de sinistres (ouragans et incendies sauvages, en attendant plus ?) est invité à prendre une dizaine de minutes pour évaluer sa situation. Afin de la rendre aussi précise que possible, celle-ci combine une exploration cartographique des menaces locales et un auto-contrôle visuel des lieux, piloté à distance sur le téléphone de l'intéressé.

Première particularité, lors de cette étape de repérage initial, outre une description pédagogique des problèmes potentiels détectés, la jeune pousse fournit en temps réel des conseils pratiques en vue d'en réduire, voire d'en éliminer, les impacts prévisibles. Le simple fait de prodiguer ainsi les explications et les recommandations pendant le déroulement de la visite, dans leur contexte spécifique et donc avec une perception de pertinence accrue, leur donne immédiatement plus de poids et stimule leur efficacité.

La promesse associée aux actions à entreprendre ne se limite pas à la sauvegarde du patrimoine le plus précieux de la plupart des américains. Jouant également sur la tendance au désengagement des compagnies d'assurance, qui se propage rapidement ces derniers mois dans plusieurs états, Faura veut également faire de ses préconisations un facteur d'aide au maintien d'une couverture, dans les zones sensibles, ou, ailleurs, d'obtention de rabais sur les primes en proportion des efforts consentis.

Accueil Faura

C'est que, très logiquement, le secteur de l'assurance constitue un axe de développement prioritaire pour la startup, non seulement pour lui fournir des capacités de mesure affinée des portefeuilles de risques mais également dans une optique d'optimisation : l'idée est alors d'encourager des partenaires à offrir des conditions avantageuses aux utilisateurs qui passent à l'action, en considérant que « 1 dollar investi en remédiation correspond à 6 dollars économisés sur une future indemnisation ».

Derrière ses quelques caractéristiques originales, Faura se démarque sensiblement des autres acteurs positionnés sur l'analyse individualisée des risques naturels de l'immobilier en focalisant son modèle sur la prévention et le conseil personnalisé. La démarche représente une source d'inspiration essentielle dans un monde qui, aujourd'hui, choisit facilement la résignation – face au changement climatique, aux cataclysmes, à l'inassurabilité… – et a, au contraire, besoin de reprise de contrôle.

dimanche 14 avril 2024

Et la biométrie vocale devint obsolète

Bank Info Security
Cette fois, le diable est sorti de la boîte : l'annonce récente par OpenAI de la mise au point d'un service de synthèse vocale extrêmement fidèle à partir d'un échantillon original de quelques secondes rend obsolètes les systèmes d'authentification forte fréquemment déployés par les institutions financières, notamment dans leurs centres d'appel.

Naturellement, le risque existait depuis le début (je l'évoquais dans ces colonnes dès 2013). Perçus comme une riposte imparable à la fragilité des protections par mot de passe, les outils biométriques présentent l'inconvénient majeur de devenir caducs, en tant que tels, dès l'instant où les éléments de reconnaissance mis en jeu risquent d'être compromis, puisqu'il est impossible pour un individu de changer d'empreinte digitale ou de voix si ses caractéristiques personnelles sont susceptibles d'être usurpées.

Au fil du temps, des démonstrations d'attaques possibles sont venues régulièrement confirmer le danger… sans grandes conséquences sur l'adoption par les entreprises, probablement parce que considérées (à tort) trop théoriques. Or les progrès de l'intelligence artificielle, entre création de « deepfakes » (hypertrucages ?) quasiment indétectables et réplication en temps réel d'une voix quelconque, accessibles à tous, dont bien sûr aux escrocs de tout poil, donnent désormais crédit aux alertes précoces.

La situation est particulièrement critique pour les banques (et autres organisations), relativement nombreuses, qui ont installé des plates-formes d'authentification forte à base de reconnaissance vocale dans leurs centres de contact. Un appel téléphonique pour capturer l'extrait nécessaire à l'entraînement et le tour est joué : n'importe qui peut se faire passer pour un client légitime et accéder à ses comptes, comme l'aurait apparemment vérifié la dirigeante d'une firme britannique de hacking éthique.

Au vu de la maturité des technologies accessibles aujourd'hui, la seule solution envisageable consistera à remplacer ou, à tout le moins, compléter le dispositif existant… et probablement revenir à des approches plus traditionnelles, avec leurs faiblesses notoires. En tout état de cause et le développement de mesures défensives étant voué à être toujours en retard sur les menaces, la biométrie vocale a maintenant perdu sa valeur dans les politiques de cybersécurité. Et le même sort attend, à court ou moyen terme, toutes les variantes (reconnaissance faciale, de l'iris ou de la pupille de l'œil, de la paume de la main…), qui font pourtant encore les titres de l'actualité.

Personne au téléphone
Illustration par Karolina Grabowska (via Pixabay)

samedi 13 avril 2024

L'IA transforme le développement logiciel

Gartner
Il s'agit déjà aujourd'hui d'un des cas d'usage les plus populaires de l'intelligence artificielle, au moins sous forme expérimentale. Le cabinet Gartner prédit que, d'ici 2028, trois quarts des développeurs de logiciels l'exploiteront afin d'optimiser leur travail quotidien, dans de multiples dimensions. En attendant d'être entièrement remplacés ?

Bien que moins de 10% des professionnels confirmaient recourir à ce genre d'outils au début de 2023, l'hypothèse des analystes est facile à soutenir puisque, selon une enquête globale datant du troisième trimestre, près de deux tiers (63% précisément) des organisations ont fait au moins un pas dans cette direction. Naturellement, ces statistiques n'ont rien d'étonnant au vu, d'une part, de l'engouement médiatique pour l'IA générative et, d'autre part, de son adéquation particulière à ces usages.

La question qui se pose maintenant chez les responsables de l'ingénierie logicielle n'est donc plus, dans la plupart des cas, de décider le déploiement généralisé, à court ou moyen terme, mais plutôt de formaliser une équation de valeur convaincante auprès des décideurs afin de profiter au plus vite des bénéfices espérés. Car une perspective qui se restreindrait à un traditionnel calcul de ROI, mettant en avant les économies et, peut-être, les gains de temps, raterait une grande partie de la mutation qui se joue.

En effet, les assistants codeurs les plus sophistiqués ne se contentent plus de compléter automatiquement ce qu'écrit le programmeur (évidemment) ni de générer (recopier, en réalité) des modules complets. Ils se transforment progressivement en compagnons attentifs toujours prêts à signaler les erreurs commises, à suggérer des améliorations ou d'autres manières d'aborder un problème, par exemple. De la sorte, ils stimulent la créativité et procurent des opportunités de progresser continuellement.

Appréhendée sous cet angle, l'intelligence artificielle deviendrait alors un facteur de rétention et de satisfaction des collaborateurs concernés, appréciant grâce à elle une expérience utilisateur bonifiée (quand l'outil est parfaitement intégré à l'environnement et aux processus de développement), tout en promettant à leur employeur, outre le surcroît de productivité, une meilleure qualité des produits livrés, autant sur le plan de la fiabilité (et la réduction des risques d'anomalies) que de l'adéquation aux besoins.

Le message positif de Gartner devrait trouver un écho favorable dans les directions informatiques qui peinent à recruter et à conserver les talents nécessaires à la transition « digitale » du monde. Il mérite toutefois d'être tempéré car les premiers intéressés commencent à entendre un refrain lancinant évoquant de manière toujours plus sérieuse et crédible leur remplacement par la machine… à une échéance qui ne relève plus de l'utopie. Pas sûr, dans ces conditions, qu'ils accueillent l'IA avec bienveillance.

Développeur (généré par IA)

vendredi 12 avril 2024

Quand la politique prime sur l'expertise…

Gouvernement Français
Un article de l'Agefi nous apprend que la secrétaire d'état au numérique, Marina Ferrari, déclarait à l'occasion de la Paris Blockchain Week que les institutions financières françaises et européennes n'avancent pas assez vite à son goût sur la blockchain. Et illustre ainsi tristement pourquoi une expertise technique minimale est désormais essentielle dans la gouvernance des entreprises… et de l'état.

Mon propos ne concerne pas tant le manque de clairvoyance qu'exprime la responsable quant au potentiel réel du concept en question, qui a longtemps fait illusion et continue à avoir ses adeptes (comme en témoigne l'événement qui rassemblait, paraît-il, 10 000 participants, sur une thématique toutefois élargie), que sa méconnaissance de son évolution dans le secteur financier au cours de la décennie écoulée, ayant abouti à moult déconvenues et, pour finir, à l'admission quasi généralisée de sa vacuité.

À un niveau caricatural caractéristique de l'univers politique, Marina Ferrari, qui n'a, apparemment, aucune formation ni expérience touchant de près ou de loin à l'informatique, cède au réflexe naturel du candide séduit par des idées présentées comme révolutionnaires, sans être en mesure d'y exercer son esprit critique. Elle succombe de la sorte aux sirènes de la blockchain mais aussi du web3, de l'intelligence artificielle… quitte à disperser les efforts et les budgets à un point d'inefficacité totale.

Marina Ferrari à la Paris Blockchain Week

Si j'aborde ce sujet ici, c'est parce que la situation est identique dans les grands groupes de la finance. Bien que le contrôle des dépenses ait tendance à limiter les dérives dans le temps, le phénomène d'émerveillement joue pleinement dans leurs choix stratégiques, avec les investissements correspondants, parfois démesurés. Raison pour laquelle les récentes résolutions de la BCE en matière de compétences « digitales » dans les instances dirigeantes sont salutaires et donc indispensables.

Dans des organisations où règne habituellement une prudence excessive, celle-ci devrait aussi être déployée face aux modes technologiques qui déferlent dorénavant à un rythme soutenu. Dans ce domaine comme dans n'importe quel autre, plus les promesses sont alléchantes, plus il faut les considérer avec précaution. Il peut toujours être utile de lancer quelques expérimentations mais il est impératif de réaliser une analyse objective et contradictoire, à 360°, avant tout engagement massif. À défaut, tout est prioritaire et les vraies opportunités finiront quand même par être manquées.

jeudi 11 avril 2024

Les apps bancaires en perte de vitesse

Question
Alors que les usages digitaux paraissent en croissance constante parmi nos concitoyens, Guillaume Almeras dresse l'étonnant constat, à l'occasion d'une tribune pour BFM Business, d'une diminution sensible des recours par les français à leurs applications bancaires, selon les études de la très sérieuse FBF. Comment l'expliquer ?

À l'exclusion d'un doublement des validations des paiements, évidemment dû à l'entrée en vigueur de la DSP2, qui a conduit à la généralisation de cette option entre 2018, date de la précédente enquête, et aujourd'hui, l'exécution d'opérations reste stable tandis que les consultations des comptes et le suivi de budget reculent respectivement de 6% et 8%. Étonnant en pleine période de crise du pouvoir d'achat, non ?

Pour Guillaume, la principale explication à cette évolution contre-intuitive tient à une inflexion imprévue des comportements : les consommateurs ne se satisfont plus d'outils qui se contentent de leur donner accès à l'information à tout moment, ils attendent dorénavant d'être notifiés proactivement de tout événement important pour eux. Or la multiplication des capacités d'alerte des apps répond justement à cette demande !

Derrière ce postulat auquel j'adhère, je propose maintenant d'approfondir un peu cette analyse, en insistant plus particulièrement sur un facteur qui, de mon point de vue, devrait inquiéter les institutions financières : la maturité numérique de vos clients progresse beaucoup plus rapidement que vous ne l'imaginez et elle est susceptible de remettre en cause vos stratégies et votre vision de vos métiers, à court terme.

Un premier signe, certes superficiel mais tout de même révélateur, est, je pense, une prise de conscience, par l'usage, des limitations intrinsèques des logiciels des banques. En effet, à quoi bon se connecter sept ou huit fois par jour à ses comptes une fois qu'on a compris que les données ne sont, dans la plupart des systèmes, actualisées que la nuit venue. Si nécessaire, d'autres solutions comblent ces lacunes et celle qu'expérimente depuis peu Apple au Royaume-Uni en inspire un exemple éclatant.

Quant aux mutations qu'évoque Guillaume, elles reflètent, au-delà de la « paresse » qu'il mentionne, une réalité triviale que l'industrie refuse obstinément d'affronter en face : les produits et services bancaires ne sont que des moyens autorisant la réalisation de « projets » (dans un sens très large). Dès lors, les raisons qui justifieraient d'imposer la place qu'ils occupent dans la vie quotidienne sont totalement artificielles.

La qualité la plus appréciable d'un outil est de se faire oublier. Tout le contraire de l'argent et de la banque, que le stress, en général, maintient beaucoup trop au centre des préoccupations, incitant notamment à interagir régulièrement avec des plates-formes dont le contenu n'a pas d'intérêt en soi, à seule fin de se rassurer. Cependant, grâce à la finance enfouie, ces habitudes s'estompent : plus la peine d'interroger son établissement, les actions requises sont immergées dans une expérience globale.

À travers des modèles émergents tels que le paiement fractionné (BNPL), les consommateurs se familiarisent avec une nouvelle approche de leurs finances personnelles, dans une logique de reprise de contrôle par l'intermédiaire de services « digitaux » s'adaptant à leurs attentes et non plus exigeant qu'ils se conforment aux diktats de leur banque, façonnés à son image sans considération pour leur besoin.

Banque mobile

mercredi 10 avril 2024

Lloyds réforme ses risques, jugés paralysants

Lloyds Bank
Quand les départements des risques ont tendance à gonfler dans les institutions financières au fur et à mesure de l'inflation réglementaire, Lloyds Bank exprime sa frustration vis-à-vis des freins que le sien introduit dans ses velléités de transformation, jusqu'à engager une (petite) purge parmi ses salariés, révèle le Financial Times.

Selon le directeur de la division, Stephen Shelley, deux tiers de ses pairs au sommet de la hiérarchie de la banque se plaignent des blocages que provoque la gestion des risques dans leurs progrès et moins de la moitié des collaborateurs, à tous les niveaux, estiment que la prise de risque intelligente est encouragée. Afin d'accélérer le changement, notamment « digital », une remise à plat complète de la fonction s'avère nécessaire, qui visera, dans un premier temps, les aspects non financiers.

En réalité, la décision n'est pas aussi radicale que le laisse entendre le titre de l'article puisque, sur les quelques 3 600 personnes que compte le service (soit 6% des effectifs globaux), 150 positions seulement vont être éliminées (plus 25 autres dans d'autres branches)… tandis que 130 nouveaux postes seront créés, sur des domaines spécialisés ou des expertises technologiques. Abordée sous cet angle, la démarche commence à prendre sens et devrait peut-être inspirer le reste de l'industrie.

Il n'est en effet pas réellement question de réduire les efforts de contrôle et de maîtrise des risques, ce qui susciterait certainement une réaction virulente du régulateur et, en outre, serait malvenu à un moment où une enquête sur ses pratiques de prêts automobiles a conduit Lloyds Bank à enregistrer une provision de 450 millions de livres dans ses comptes. L'objectif consiste, plus judicieusement, à identifier les vraies sources de friction et à leur apporter des solutions concrètes et pragmatiques.

Lloyds Bank

Le diagnostic dressé par l'établissement est incontestable et se retrouve à l'identique chez tous ses concurrents, partout dans le monde… Mais ce n'est pas la taille du département des risques (évidemment), ni obligatoirement, et l'hypothèse peut être plus difficile à admettre, la lourdeur des contraintes et exigences qu'il impose qui compliquent la vie de ceux qui veulent avancer plus vite. Non, la principale raison est à rechercher plutôt dans son organisation et dans la structuration de ses activités.

Comme souvent, la ségrégation des métiers en silos étanches est probablement la grande coupable. En l'espèce, elle engendre facilement une dérive vers une approche bureaucratique des risques, sans discrimination et sans clairvoyance… faute d'immersion des individus saisis au cœur des enjeux et des réalités dans lesquels s'inscrivent les dossiers qui leur sont confiés. Fatalement, dans un tel modèle, tout ce qui relève du changement et, donc, sort de l'ordinaire est immédiatement suspect.

Face à cette situation, la seule réponse possible consiste à réaligner les équipes avec leurs « cibles », ce qui suppose, comme semble le faire Lloyds Bank, de remplacer les gestionnaires administratifs par des spécialistes aguerris, capables de comprendre les tenants et les aboutissants des sujets à traiter. Pour que le nouveau dispositif soit efficace, il faudrait également que ces experts soient aux côtés des porteurs de projets pour exécuter leurs missions… mais l'histoire ne dit pas si la banque y a pensé.

mardi 9 avril 2024

ING réplique une idée de Monzo

ING
Le fait est suffisamment rare pour s'y arrêter : sept mois après le déploiement par Monzo d'une fonction originale destinée à lutter contre les arnaques au faux conseiller bancaire, ING en implémente sa propre version. Peut-être n'est ce qu'une coïncidence, mais il paraît probable que la seconde capitalise sur l'inspiration fournie par la première.

La méthode est désormais bien connue : un appel téléphonique, émanant apparemment d'un numéro de téléphone officiel de la banque (dans les cas les plus sophistiqués), et un interlocuteur qui se présente comme un employé de l'établissement et tente de convaincre le client, dans l'urgence, de lui transférer une somme d'argent sous un prétexte ou un autre, en général une prétendue escroquerie imminente. Ces attaques auraient causé 28 millions d'euros de dommages en 2023 aux Pays-Bas.

La parade qu'a imaginée Monzo et que réplique donc maintenant ING consiste simplement à intégrer dans son application mobile un indicateur de communication en cours. Dans le cas d'un contact suspect, il suffit de le consulter afin de savoir d'un coup d'œil si l'individu qui affirme appeler pour le compte de la banque est légitime ou s'il faut raccrocher immédiatement. Naturellement, la limite du dispositif est son caractère volontaire, et il faudra donc régulièrement inciter les clients à réaliser la vérification.

ING against scammers

Si la solution retenue est (presque) évidente dans son principe, sa mise en œuvre peut receler des complications insoupçonnées, notamment au niveau des interactions entre les systèmes informatiques et téléphoniques de l'entreprise. La capacité d'ING à la développer quelques mois après une startup représente un exploit… surtout si elle a commencé son projet après avoir découvert celui de sa consœur britannique.

Par ailleurs, dans une démarche altruiste dont l'enseigne ne tirera que peu de bénéfices, la responsable des risques déclare qu'elle partagera son expérience avec ses concurrentes (sans préciser, il est vrai, jusqu'à quel point… se contentera-t-elle d'en diffuser les résultats ou ira-t-elle jusqu'à distribuer sa technologie ?). A minima, une généralisation peut contribuer à inculquer un bon réflexe chez les consommateurs.

Alors que les campagnes de sensibilisation échouent à changer les comportements et en attendant que les opérateurs de télécommunication assument leur responsabilité et interceptent les usurpations de numéro afin d'éliminer un terrible facteur aggravant, ce qui devrait enfin arriver cette année en France, toutes les techniques méritent d'être expérimentées dans la lutte contre les malversations bancaires. Et, visiblement, quand les enjeux sont là, certaines banques savent parfois faire preuve de réactivité.

lundi 8 avril 2024

Des simulations pour des hackathons de finance

AmplifyME
Depuis 2009, AmplifyME développe des simulations destinées à enrichir les parcours d'apprentissage des étudiants et futurs collaborateurs de l'industrie financière grâce à ses expériences immersives. Elle vient de lancer un programme ouvert gratuitement à tous ceux qui souhaitent s'engager dans la banque d'investissement.

Aujourd'hui tout le monde sait que, en matière de formation, une mise en situation est infiniment plus efficace et percutante que tous les cours théoriques, même quand ils sont complétés d'études de cas. Forts de cette conviction, les fondateurs de la jeune pousse londonienne ont imaginé de concevoir des exercices pratiques dans lesquels l'élève, placé dans les conditions d'un emploi réel, est appelé à gérer un dossier identique à ceux qui composent la réalité quotidienne d'un salarié en poste.

Ainsi, dans le cadre du nouvel « Investment Banking Pathway », les inscrits, issus de plus de 400 établissements du monde entier, endossent une casquette d'analyste junior à qui est confiée une opération de fusion-acquisition. Ils ont alors deux heures pour effectuer les tâches incombant à ce rôle, depuis les modélisations financières jusqu'à l'étude de valorisation. Les meilleurs d'entre eux seront ensuite invités à un second défi, en quatre heures et en équipe, cette fois, consacré à une introduction en bourse.

La gloire et le renforcement des compétences opérationnelles ne sont pas les seules motivations des participants puisque AmplifyME promet aux plus performants que leurs profils seront partagés, dans une perspective de recrutement, avec une sélection d'institutions de premier plan avec lesquelles elle est en contact régulier.

Accueil AmplifyME

En effet, les activités proposées étant systématiquement libres d'accès et sans frais, le modèle d'affaire de l'entreprise se répartit selon deux axes. D'une part, elle offre ses services aux universités désireuses d'ajouter une dose d'éducation concrète à leurs cursus, autant dans le but de diversifier leurs approches pédagogiques que de procurer une autre vision des disciplines enseignées. Plusieurs noms emblématiques figurent parmi ses références, tels que les universités d'Oxford et de Stanford, l'ESCP…

D'autre part, elle cible les enseignes de la finance – où, là aussi, son tableau de chasse paraît impressionnant : Bank of America, HSBC, NatWest, UBS… – soit pour leurs propres besoins de formation interne, soit dans une optique de sélection des candidats à l'embauche – dans une réminiscence des hackathons de programmation en vogue il y a quelques années dans les firmes technologiques – qui a, par exemple, fourni 40% du contingent de stagiaires intégrés par Morgan Stanley pour l'année 2023.

Le concept a largement été dévoyé au fil du temps et de son appropriation par les grands groupes, au point d'avoir plus ou moins disparu des radars, en tous cas pour l'innovation. Le hackathon n'en reste pas moins un outil, d'appoint, aussi utile pour les stratégies de recrutement que stimulant (et ludique) pour les participants. Enfin, leur déploiement dans le contexte scolaire est probablement encore trop négligé…

dimanche 7 avril 2024

Coadjute coordonne l'achat immobilier

Coadjute
La jeune pousse Coadjute vient de conclure un tour d'investissement de 10 millions de livres sterling, auquel participent trois institutions financières britanniques majeures (Lloyds Banking Group, Nationwide et NatWest), afin d'ajouter les démarches de crédit au sein de sa solution d'intégration du parcours d'achat et de vente immobilier.

Le concept rappelle celui qu'Arkéa a implémenté via sa filiale Teamzy, avec toutefois quelques spécificités notables. Il s'agit donc de rassembler dans un environnement commun tous les participants à une transaction et de leur fournir des outils unifiés, notamment de communication, de manière à optimiser les processus existants qui prennent aujourd'hui plusieurs mois, souvent perdus en divers retards de traitement, délais de transmission de documents et autres allers-retours inutiles.

Consciente de la difficulté de faire changer leurs habitudes aux intermédiaires concernés, la jeune pousse a retenu une approche aussi transparente que possible en établissant des passerelles entre sa plate-forme et les principaux logiciels qu'ils exploitent dans l'exercice de leur métier. De cette manière, chacun continue à travailler comme il l'a toujours fait… mais chaque événement, chaque action, chaque document est automatiquement et instantanément répercuté aux autres interlocuteurs (autorisés).

Coadjute complète son catalogue avec une messagerie, sécurisée (comme tous ses composants… et le recours à une blockchain mis en avant sur cet aspect n'est, comme toujours, qu'une plaisanterie irritante), et quelques connexions à des systèmes indispensables dans le cadre d'une opération immobilière, tels que le registre national des propriétés foncières, le référentiel des certificats énergétiques…, dont les informations peuvent alors être incorporées directement dans les dossiers.

Coadjute Network

Fondamentalement, Coadjute propose un simple socle d'échanges minutieusement adapté à un cas d'usage particulier et à ses différents participants. À première vue, il n'est en effet même pas question d'assistance à la gestion des processus, qui semble rester à la charge des entités impliquées (ce qui, il est vrai, leur évite toute rupture dans leurs pratiques)… et pourrait certainement faire l'objet d'une évolution future. Une telle mise en perspective démontre avec éclat les extraordinaires déficiences affectant le marché de l'immobilier et, a contrario, l'immense opportunité que représentent les initiatives d'amélioration de l'expérience de l'acquéreur (entre autres).

Celle-ci est évidemment fort attractive pour les banques, qui jouent un rôle important dans la chaîne de valeur et sont fréquemment à la source des frictions les plus pénibles. Cependant, comme le comprennent apparemment les trois enseignes désormais engagées avec Coadjute (ainsi que, à sa mesure, Arkéa), les compétences à réunir pour réussir sont trop éloignées de leur cœur d'activité pour être appréhendées de l'intérieur et la meilleure option consiste à passer par une collaboration avec des spécialistes.

samedi 6 avril 2024

L'app de NAB intègre PayPal

NAB
Il y a longtemps, quelques banques, à l'instar de Soon (par AXA Banque), inspirées par l'hégémonie de PayPal, intégraient une partie de ses services dans leurs applications. Dix ans plus tard, le pionnier du paiement en ligne a perdu de son aura et l'approche ne fait plus guère recette. Voilà pourtant son retour chez l'australienne NAB.

Le paysage a tout de même bien changé en une décennie. Ainsi, les initiatives d'autrefois concernaient-elles principalement les échanges d'argent entre proches, que PayPal avait imaginé très tôt de faciliter en autorisant l'envoi à une adresse de courriel ou un numéro de téléphone. Ce principe est désormais largement répandu, sinon universel, et des outils concurrents ont émergé, émanant parfois de consortiums bancaires (tel que celui qui a développé PayLib en France… à partir de 2013).

En revanche, les solutions d'encaissement en ligne de PayPal, bien qu'elles aient aussi vu naître pléthore d'alternatives, continuent à rencontrer un immense succès, surtout auprès des très petites entreprises (selon les pays). Ce mode d'utilisation constitue depuis toujours une épine dans le pied des institutions financières car, même quand leurs instruments de paiement sont mis en œuvre, in fine, elle perdent dans cette intermédiation les informations qui enrichissent leur connaissance de leurs clients.

NAB x PayPal

Dans ce contexte, l'offensive de NAB n'est donc pas vraiment surprenante. En effet, derrière l'apparence anodine de son annonce, évoquant la faculté pour ses clients de connecter depuis sa plate-forme mobile (et web ?) la carte de leur choix à leur profil PayPal (ceux qui n'en possèdent pas pouvant s'enregistrer par la même occasion), l'enjeu n'est pas uniquement de faciliter la vie des consommateurs ni de stimuler la sélection d'un support de la marque pour les règlements concernés.

En arrière-plan, la liaison établie de la sorte semble sensiblement différente de celle qui serait configurée dans les propres logiciels de PayPal. Un indice révélateur en est fourni par la discrète mention dans la présentation du dispositif spécifiant que les avantages associés à la carte retenue restent applicables sur les transactions effectués à travers le compte externe. Ceux-ci étant généralement déterminés par catégories de dépenses, des données enrichies sont probablement transmises sur chaque transaction.

Du point de vue de NAB, la démarche se résume en réalité à démultiplier les moyens de paiement « digitaux » qu'elle supporte pour ses clients, dans le prolongement d'Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay, ceux-là ayant la particularité d'être aussi adaptés au commerce de proximité. Et, après tout, une fois le premier pas franchi, il n'existe aucune raison objective de ne pas les accepter tous, dans les mêmes conditions, dès lors qu'ils bénéficient de la faveur des consommateurs.